Un couple d’enfants amoureux, des vaches (folles ou pas), des chevaux (femelles ou mâle on ne sait pas toujours) une plage, des meurtres horribles, un superhéro (Chtiderman : hi-la-rant), un commandant de gendarmerie bourré de tocs, des majorettes, le Nord de la France, une enquête policière, Zola, la messe, une pointe de philosophie, de l’art flamand avec des grosses femmes à poils, c’est à peu près tout cela qui peuple l’univers du P’tit Quinquin de Bruno Dumont.
Cette série télé de quatre épisodes de 52 minutes chacun commandée par Arte sera diffusée à la rentrée. Elle a été sélectionnée à Cannes dans cette sélection parallèle dont je vous ai déjà parlé ici, la Quinzaine des réalisateurs. Sélection actuellement re-diffusée au Forum des images. C’est justement dans ce cadre que j’ai eu l’occasion de découvrir ce petit bijou télé / cinématographique.
J’entends de plus en plus que l’audace, que la vraie création se situent du côté des séries télé et non plus vraiment au cinéma. Ce P’tit Quinquin en est l’illustration parfaite. Il faut dire que cette série est réalisée par un réal chevronné dont j’ai découvert l’univers l’an dernier avec son Camille Claudel réaliste et tellement fort qu’il m’avait époustouflée.
Oui l’on pourrait penser de prime abord que Bruno Dumont est un maître du réalisme. Il filme la vie telle quelle est. Il fait tourner des personnes non professionnelles (c’est le cas dans P’tit Quinquin) et évoque le rire mais aussi la rudesse de la vie, telle quelle est. Réalisme donc. Sauf que ce n’est pas si simple que ça et il nous l’a d’ailleurs expliqué lors de la rencontre organisée à l’issue de la projection. Moment toujours intéressant et tellement enrichissant qui permet de découvrir, vraiment, l’univers du réalisateur.
Son P’tit Quinquin évoque le quotidien d’habitants d’un petit village du Nord avec tout ce que cela englobe. Il filme une enquête policière faites de rebondissements et y injecte du rire (oh oui ça pour rire, on rit !) et de l’émotion (oui aussi) car c’est beau, en tout cas moi ça me plait, de voir évoluer des gens simples, bons, naturels, jamais mués par le besoin de paraitre ou de prouver quoi que ce soit. C’est bon de voir la Vie telle qu’elle est pour bon nombre de personnes jugées simples ou encore basiques par notre société qui demande que l’on soit « au top », « en haut de l’échelle sociale » et « performants ». Ce film / cette série montre que chaque personne, d’où quelle vienne, est capable de donner de l’amour et est capable de mener à bien (ou pas mais ce n’est pas le point final qui compte) un raisonnement.
Lors de l’échange que nous avons eu, Bruno Dumont a donc évoqué le non réalisme – par nature – du cinéma. Et cette réflexion fut une vraie révélation pour moi dans la mesure où elle a mis des mots sur mon ressenti du cinéma. Rien n’est vrai au cinéma. Ce n’est que technique visuelle, sonore etc. Des acteurs et actrices sont payés pour jouer un rôle, le réal raconte une histoire. Aussi réaliste que cela puisse paraitre, il ne s’agit pas d’un documentaire.
Ainsi, le cinéma n’a rien à voir avec le réel mais avec le ressenti. C’est ce ressenti qui fait en sorte que le cinéma nous parle tellement, nous aide à prendre conscience du monde qui nous entoure, nous aide à vivre parfois. Le force du cinéma tient à nos émotions, à ce que l’on fait du film face auquel nous sommes. Le cinéma est en quelque sorte, du « réel surélevé » qui existe pour la catharsis. C’est la raison pour laquelle je pense qu’il est possible d’évoquer tous les sujets au cinéma. C’est ainsi que, dans son P’tit Quinquin, Bruno Dumont se permet par exemple de se moquer des institutions : des medias, de la religion, de l’armée. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas ce qu’il pense au plus profond de lui même (quoique !) mais il peut se permettre de tout dire. C’est cela aussi, la magie du cinéma. C’est du non réalisme.
Du faux qui sonne et résonne tellement vrai dans nos vies.
Je ne peux que vous inviter à découvrir ou re-découvrir ce P’tit Quinquin qui sera diffusé en september prochain sur Arte.
Derrière le rire et la loufoquerie, une vraie réflexion sur le monde qui nous entoure. L’Humanité dans toute sa splendeur.