Il suffit d’un rien parfois (souvent) pour que la vie soit douce. Il suffit de quelques amis réunis, d’un rayon de soleil, de quelques éclats de rire. Voilà le message, simple mais primordial, véhiculé par un homme qui aura marqué le cinéma français mais aussi la société par ses prises de positions, par ses engagements et par cette joie de vivre éparpillée un peu partout dans son oeuvre (que je suis loin de connaitre dans son intégralité, une fois de plus : mes fameux manquements).
Oui, clairement Alain Resnais était bien plus moderne et libre que bien des jeunes. Preuve que l’âge est une façon de penser avant tout. Seulement voilà, la vie trouve toujours le moyen de finir son oeuvre et c’est aujourd’hui avec un profond désarrois que toute la profession, et même au delà, rend un hommage appuyé à ce maître du cinéma.
En Mai 2012 déjà, je ne sais pas si vous étiez déjà là et si vous vous souvenez mais Monsieur Resnais m’avait procuré une intense dose d’émotion, c’était à Cannes lors de la projection officielle de son précédent film Vous n’avez encore rien vu.
Cette fois encore, c’est avec une joie mêlée à une forte émotion que j’ai assisté à la projection officielle de ce qui restera son dernier opus.
Joie mêlée à une forte émotion donc, surtout que son Aimer, boire et chanter résonne comme une ode à la vie, à la liberté, à la fraîcheur et à la gaieté. Jusqu’au bout, j’imagine que Monsieur Resnais respirait la vie, la bonne humeur et la foi en l’avenir. Cela transparaît profondément dans son oeuvre.
Chez Resnais, la maladie, la mort et les enterrements rôdaient souvent, comme ça tout autour. Mais bizarrement, toujours avec une pointe (une grande pointe) d’humour, de second degrés et de détachement. Je sens un énorme respect pour la vie – qu’il a tant aimée – mais aussi ce sentiment que tout cela n’est, au fond, qu’une farce, à prendre au sérieux certes, mais au second degrés.
C’est ainsi que l’espièglerie est clé dans l’oeuvre de Resnais. Je le disais, il était plus jeune et fun que bien d’autres !
Il a choisi d’ancrer l’intrigue de son Aimer, boire et chanter dans un décor théâtral genre carton pâte. C’est un style, loufoque, auquel s’ajoute le fait que tout (sauf à la fin lorsqu’il nous « invite » à entrer dans son décor et dans son monde) est tourné en extérieur.
J’ai vécu comme un honneur le fait d’être invitée dans son monde, à rejoindre sa troupe (ô ça oui, qu’il l’aimait sa troupe : sa Sabine, ses amis…)
Alors, on ne saura jamais vraiment ce que, du cinéma ou du théâtre, il aimait par dessus tout mais là n’est pas le sujet. (Dussollier préfère le « ciné » en tout cas dans ce film !) Ce qui nous restera en mémoire c’est cette passion avec laquelle il a, jusqu’au bout, dédié sa vie à son oeuvre et à son art.
Peut-être vous êtes vous demandé pourquoi j’avais intitulé cet article « L’ABC de la vie » ? Et bien, si vous y regardez de plus près, il s’agit des initiales du film dont nous parlons ici : Aimer, Boire et Chanter.
Et oui ! Il semblerait donc que Monsieur Resnais, en plus de nous laisser une oeuvre riche et forte, nous ai laissé la clé – peut-être pas du paradis, mais de la vie.
Alors,
aimons
buvons
et chantons.