Xavier Dolan dit de ce film qu’il l’a réalisé pour deux raisons. Pour sortir de sa trilogie sur l’amour impossible : J’ai tué ma mère, Les Amours imaginaires et Laurence Anyways (sa master piece à mon sens) et pour – plus ou moins – passer le temps. Car comprenez que le petit géni du cinéma canadien a réalisé ce film alors qu’il était en pleine post prod d’un autre grand projet. Une boulimie de cinéma l’étreint donc, preuve en est.
Alors que d’autres mettraient 5 ans à donner naissance à ce projet, lui monte ce film avec une énergie folle et surtout, avec une maîtrise assez impressionnante.
Vous l’aurez sans doute deviné, j’aime le cinéma de Xavier Dolan, et j’aime le jeune prodige du cinéma qu’il est. Il se dégage de ses oeuvres et de sa personnalité (il est à la fois derrière et devant la caméra dans Tom à la ferme) une douceur mélée à une force et à une volonté. Il est clair qu’on ne le mènera nulle part où il n’a pas envie d’aller. J’aime ça. Je respecte cet esprit d’initiative, cette volonté de nous emmener ailleurs, vers autre chose, vers une vérité.
Tom à la ferme s’ouvre sur une très jolie chanson (la BO du film est sublime, comme toujours chez Dolan). J’ai d’ailleurs lu dans le dossier de presse qu’une longue réflexion sur la musique avait vu le jour dès la fin de la réalisation. Il est clair que la musique apporte au film une force supplémentaire. Ou est-ce une douceur ? Toujours la même ambiguité chez Dolan. Le film s’ouvre donc sur une très jolie chanson (les moulins de mon coeur) mais aussi sur des mots griffonnés sur du sopalin qui avale l’encre comme pour en garder toute la teneur. Ses mots disent la douleur de la perte d’un être cher, d’un amoureux et d’un compagnon de vie en l’occurence et de l’importance de le remplacer pour avancer.
Drôle de façon de vivre son deuil. Mais chacun vit les choses à sa manière. Voilà ce que ce film nous apprend, nous rappelle.
Les premières images du film viennent signifier la solitude extrême de Tom. Solitude qui se trouve être à l’image du lieu dans lequel il se rend : coincé entre des champs de mais et de blé. Mais c’est justement ce no man’s land qui va le faire renaitre à la vie et ce, en se frottant à la famille de son défunt amoureux.
De relations tendues en mensonges, Tom va peu à peu retrouver le sens de sa vie, le sens de son univers et, je l’espère pour lui, le goût d’avancer.
Il s’agit là d’un film étrange. Propre à l’univers si particulier de Dolan, ayant du mal à décoller mais étrangement, moi la pragmatique, cela me touche. il y a une vérité dans ses propos, dans ses images et dans cette façon bien à lui qu’il a de présenter ses personnages et de les placer face à nous, sans fard (même maquillé, coiffé et habillé « à outrance » comme dans Laurence Anyways par exemple). Xavier Dolan voit le « vrai » de l’humain et ça, c’est assez rare pour être noté.
Tom à la ferme sera sur nos écrans le 16 avril prochain.
Synopsis : Un jeune publicitaire voyage jusqu’au fin fond de la campagne pour des funérailles et constate que personne n’y connaît son nom ni la nature de sa relation avec le défunt.
Lorsque le frère aîné de celui-ci lui impose un jeu de rôles malsain visant à protéger sa mère et l’honneur de leur famille, une relation toxique s’amorce bientôt pour ne s’arrêter que lorsque la vérité éclatera enfin, quelles qu’en soient les conséquences.
Thriller psychologique campé dans le Québec agricole, Tom à la ferme traite du gouffre grandissant qui sépare ville et province, et de la nature respective des hommes qui y vivent.
Syndrome de Stockholm, deuil et violences confidentielles imprègnent ce récit d’imposture et de mensonges.
Ce film est adapté de la pièce éponyme du dramaturge Michel Marc Bouchard.
paule
Excellent article
Barbara
pour un excellent réalisateur ! merci maman