Je l’avais évoqué, j’ai perdu l’article (que je trouvais plutôt pas mal de surcroit) que j’avais rédigé suite à la sortie du premier volume de Nymphomaniac.
La sortie du second opus, prévue dans quelques jours, me donne l’opportunité de revenir sur le sujet et comme toujours, il est intéressant de voir ce qu’il « me reste » de ce film plusieurs semaines après l’avoir vu. Définitivement, j’ai aimé. Sans pour autant dire qu’il m’accompagne, il m’est arrivé d’y repenser. Signe qui ne trompe pas : le film m’a marqué.
Je vous le précisais donc et depuis le temps, vous avez sans doute eu l’occasion de lire / entendre d’autres critiques de ce film. Joe donc (Charlotte Gainsbourg) est retrouvée inconsciente, au beau milieu d’une rue enneigée, par Seligman, un homme d’âge mur, qui l’invite à venir se « requinquer » chez lui. De là, Joe va lui conter son histoire, sa vie de nymphomane.
Nous sommes chez Lars Van Trier, un homme, déjà, pour qui donc la sexualité féminine reste un mystère mais de surcroit, je vois chez Lars, une vision plus complexe de la sexualité dans son ensemble. Selon lui, c’est forcément dégradant, presque sale. L’entrée en matière est donc toujours un peu difficile, j’avais par exemple exécré son Antichrist pour sa façon d’évoquer la sexualité démoniaque de la femme.
Le huis clos entre Joe est Seligman est ici fort intéressant en ce sens ou l’échange se fait sur deux niveaux : Joe s’auto flagelle en racontant ses déboires sexuels tandis que Seligman apporte son point de vue pragmatique en comparant ces frasques à autant d’activités liées à l’art (de la pêche à la mouche à la polyphonie). Là est la profondeur du film et de l’histoire. Joe, perdue, vidée et auto dépréciée peut encore, auprès de l’homme solitaire, espérer trouver des réponses. Le cercle infernal au sein duquel elle semble s’être perdue pourrait, peut-être, être rompu.
Surtout qu’au fond d’elle même, la jeune Joe (jouée par l’incroyable révélation Stacy Martin) cherche, au travers de ces expériences diverses, l’amour. L’amour qu’elle pourrait se porter à elle même mais aussi l’amour qu’elle pourrait porter « à l’autre » car il est évident qu’à part l’amour sincère, fort et sans concession qu’elle porte à son père, le monde qui l’entoure ne semble susciter que haine et mépris.
Tout cela est assez pessimiste. La volonté du réal de nous « plomber » semble forte tant il n’a de cesse de marteler, au travers de « sa » Joe, l’idée selon laquelle les seules relations que l’on peut espérer entretenir sont marquées par la trahison et la mort (les gens que l’on aime sont tous condamnées à disparaître au même titre que le père de Joe, ce père qu’elle aime tant). Comment donc est-il possible de se projeter dans une vie qui n’offre que misère et troubles.
Cela dit, c’est au final, très bizarrement, une sensation de douceur que je garde de ce film. Cette nymphomane – repentie ? – qui nous conte son histoire m’inspire une grande empathie. Cette jeune fille (joe jeune) ne me donne nullement une mauvaise image d’elle même. J’aurais simplement envie de la prendre « par la main » et lui assurer que la confiance, en soi et en l’autre, est une denrée qui s’acquiert à force de dons, d’écoute, de partage et non en cherchant son propre plaisir dans une pseudo sexualité dépravée.
A ce titre, je l’avais évoqué. Amateurs de porno passez votre chemin, car ce n’est que pour la promo que Lars a évoqué le côté pornographique de son film. Bien évidemment l’on sait de quoi l’on parle mais la version qui nous est ici proposée est une version censurée interdite aux moins de douze ans. : rien de très choquant donc.
Enfin, la fin de ce premier opus semble sonner la mort du plaisir physique de Joe, espérons qu’il ne sonne pas non plus la fin de notre plaisir cinématographique car moi j’en demande encore.
A suivre dès le 29 janvier prochain. J’en serai. Je dois être un peu nymphomane sur les bords, je vous l’accorde.