Sous ses airs de film de fin du monde, Les Combattants est en fait un film d’amour, une belle romance.
Voilà bien longtemps que je n’avais pas autant attendu un film : les avis positifs et l’enthousiasme général y étaient pour beaucoup, sans aucun doute.
C’est en tout cas avec un plaisir non feint que j’ai assisté à l’ouverture au monde de cette jeune Madeleine (plus qu’excellente Adèle Haenel, clairement ma découverte de l’année). Car si le film met en lumière deux excellents acteurs de la jeune génération (Kevin Azais, derrière ses airs de jeune gringalet m’a beaucoup surprise, il a une très belle présence), c’est franchement Adèle qui crève, une fois de plus, l’écran. Quelle présence, quelle force de jeu, quelle conviction ! On sent qu’elle est là car elle ne saurait être ailleurs, qu’elle joue en donnant tout.
Il faut dire que le rôle qui lui est offert ici inflige ce genre de comportement. Elle incarne donc cette jeune femme renfrognée dont l’unique intérêt est de se préparer physiquement à une fin du monde imminente. Pour cela, elle compte intégrer l’armée, le régiment le plus coriace bien évidemment. Nage, harnachée d’un sac à dos renfermant des tuiles, hydratation à base de smoothies aux maquereaux et j’en passe : cette fille là en veut et n’est pas là pour rigoler. L’apocalypse impose une parfaite condition physique et elle compte bien ne pas se laisser prendre de court.
Seulement voilà, elle ignorait que l’amour viendrait croiser son chemin. Or, c’est bien connu, la rencontre de l’amour exige un certain désarmement et ça, la jolie quoique rustique Madeleine ne s’y était nullement préparée.
C’est cela que filme ce jeune diplômé de la FEMIS que je découvre à l’occasion de ce premier opus (sélectionné à la Quinzaine de Cannes ndlr), et il le filme superbement bien.
« Ces combattants » m’ont fait rire de bon cœur, vraiment, m’ont touchée également car il n’y a jamais de plus beau spectacle que celui de l’apprentissage de la vie et de l’amour et c’est ce que vivent ici Madeleine et Arnaud. Le réal parvient à passer d’un film de potes à un film catastrophe en passant par la comédie romantique tout en évoquant des sujets de société clé tels que le chômage, la gestion d’une entreprise, la place des jeunes…
Au final, c’est l’image de ce visage qui s’éclaire à la vie (littéralement, c’est franchement touchant de voir Madeleine apprendre à sourire au contact d’Arnaud) à mesure qu’elle réalise qu’elle est toute désarmée dans ce camp de préparation et pas du tout à la hauteur. C’est ainsi qu’elle deviendra « grande » et « forte » en acceptant l’idée qu’elle n’est en rien prête à affronter une catastrophe digne d’un bouleversement sans précédent.
Semblable à une enfant qui ferait sa première chute, elle décide, aux côtés de son amoureux, de se relever et de reprendre la route. Préparée cette fois.
C’est à ce moment là que le film prend une double tournure, à ce moment même où la catastrophe naturelle rejoint le bouleversement physique et mental que procure l’amour. Le film semble vouloir nous dire l’importance d’être bien droits dans nos bottes, toujours, et de laisser notre esprit gambader. Sait-on jamais, rien que pour ne manquer aucune belle opportunité, aucune belle rencontre.