Un riche banquier, une femme belle et gracieuse, un mécano bourru, beaucoup de pluie, des tendances SM, une mise en scène quasi théâtrale et un scénario à rebondissements. C’est le nouveau film de Jalil Lespert qui, après son remarqué YSL, change de style (c’est le moins que l’on puisse dire) et nous offre un thriller SM à la fois sombre et haut en couleurs.
Le film joue sur cette dualité à chaque instant. Le réalisateur (qui incarne aussi le rôle du banquier / mari) parvient à créer une tension dès les premiers instants : une tension qui s’instaure au sein même des relations complexes entretenues par le trio principal de ce film.
Il m’a semblé que la principale dualité exprimée n’est autre que celle qui oppose ceux qui ont de l’argent et ceux qui n’en ont pas. Ceux qui ont un semblant de pouvoir et ceux qui ne comptent que trop peu à l’égard d’une société basée sur la position sociale que l’on occupe.
Le sujet est d’ailleurs explicitement évoqué lors d’une scène où le mari et le kidnappeur se rencontrent. Le film vient ensuite brouiller les pistes pour nous emmener dans des profondeurs plus abyssales : celles des tourbillons causés par un mélange d’argent, de sexe et de pouvoir.
Il est ainsi questions de manipulation et de domination et là encore, le tout est saupoudré de dualité : on ne sait jamais qui est qui, qui fait quoi et qui est avec qui : c’est assez troublant et réussi. Le film joue sur divers tableaux et réussi à distiller une atmosphère empreinte de noirceur.
Oui disons le, on est à deux doigts d’une ambiance mélo à la « 50 shades of Grey » mais le film parvient vite à prendre la hauteur nécessaire qui lui permet de rejoindre la catégorie des films noirs, un peu plus profonds.
Ceci est également dû au jeu fin des acteurs : Romain Duris en tête. Il incarne ce mécano au passé trouble avec une certaine force et donne à son personnage une teinte particulière empreinte de non dits et de tristesse.
Cette même tristesse est mêlée à la légèreté dans le jeu de Charlotte Le Bon que j’ai trouvé très juste dans ce double rôle (non je n’en dis pas plus) sans aucun doute peu évident à interpréter. Ses yeux de chat / biche font le reste.
Jalil Lespert qui est donc devant et derrière la caméra apporte avec cet opus un aspect plus sombre à son cinéma et à son jeu.
Ne cherche t-il pas au final, comme il le faisait déjà au sein de ses précédents films, à redire la dualité de nos faits et gestes, de nos actions, de nos sentiments et de nos troubles.
Paule
Ton article donne envie de voir ce film qui semble bien complexe… de quoi continuer à découvrir les méandres de l’être humain !