Le rythme festivalier est bel et bien là, hop hop hop on enchaine les séances et les pausettes. J’ai vu ce jour 4 films ce qui est le max que je puisse faire je pense : un programme bien rempli et chronométré.
Séance de 8h pour le très attendu et « populaire » Ma loute strarring Luchinni, Juliette Binoche and co par Bruno Dumont qui nous avait livré il y a 2 ans ce majestueux Ptit Quinquin dont je vous avais vanté les mérites. Disons le clairement ce Ma loute est ma première (et je l’espère unique) déception de ce 69ème opus cannois. Je ne serais pas allée jusqu’à quitter la salle mais j’ai trouvé cette fresque nordique (l’intrigue se déroule sur les côtes du Nord) lourde, déjà vue et redondante. C’est très clairement une redite et pseudo suite du Ptit Quinquin, qui en reprend les mêmes codes : « mon amour », l’accent du Nord à couper au cordeau, la loufoquerie, l’enquête policière qui ne mène à rien…
Mais ça tombe à plat. Luchinni m’a gonflée en bourgeois beauf : oui cette « espèce » existe et Dumont se plie en quatre pour nous le prouver. Juliette Binoche cabotine mais joue le jeu et est plutôt « séduisante ». Le film, à l’image de ces bruits redonnants et autres couinements (fun au début puis lourdingue) est un mix entre théâtre de boulevard, art grotesque et situations pittoresques. Il y a clairement un style, une touche Dumont mais qui ne m’a pas emportée cette fois ci.
Pas de temps mort : direction la Quinzaine pour découvrir L’économie du couple de Joachim Lafosse qui nous a déjà donné de très bons films aux scénarios soignés qui me plaisent beaucoup. Ce film incarné par Bérénice Béjo et Cédric Khan (quelle belle voix) est un focus, un « close up » sur le couple, sur un couple en fin de vie, en cours de séparation.
C’est un huit clos, assez déroutant car il nous place au sein même de l’appartement, on assiste aux engueulades « en temps réel », on ressent très nettement la quasi haine ressentie par la femme envers ce mari qu’elle n’aime plus, mais on sent également les réminiscences d’un amour passé et c’est justement en cela que le film est d’autant plus intéressant et fort. Il n’y a pas d’action à proprement parler : on assiste aux repas, aux soirées chacun de leur côté, à la « gestion » de leurs jumelles dont ils se partagent la garde tout en vivant encore dans le même appartement. C’est complexe et tourmenté, puissant et gênant mais terriblement réussi. Le réal et les acteurs (Bérénice Béjo m’a bluffée pour la toute première fois) parviennent à nous faire ressentir le mal être de leur couple et le mal être qu’ils ressentent chacun à leur manière. C’est très très incarné. Définitivement, Joachim Lafosse parvient à toucher et à manifester les sentiments enfouis, le mal être de ses personnages. C’est fort et nous avons pu en discuter avec le réal et les deux acteurs principaux lors d’un Q&A (session questions réponses) de 20 minutes (oui tout est chronométré à Cannes) durant lequel le réal nous dira avoir injecté un peu de sa vie privée dans ce film mais ne pas vouloir s’épancher sur le sujet et grand bien lui en fasse, ses films nous suffisent amplement tant ils sonnent vrai et sont magistralement orchestrés. Et point non négligeable, Joachim L parvient à nous (je pense ne pas être la seule) émouvoir lors d’une scène musicale made by Maître Gims (peu probable qu’on se le dise) comme pour nous dire que le cinéma est une magnifique porte d’entrée vers toute sorte de sensations et qu’il ne faut jamais se fermer devant rien mais savoir s’ouvrir à tout car tout – au cinéma comme dans la vie – est une question de curseur, de focale.
Pause. Vraie pause. Repas, papotage, lectures mais pas vraiment bronzage puisque le soleil reste bien timide.
Puis découverte de Money Monster, présenté hors compétition qui a permis à notre chère Julia Roberts d’effectuer sa toute première montée des marches. Money Monster est un film de Jodie Foster et met en scène Julia donc et George Clooney. Bon, clairement le film n’est pas foufou. Il raconte la prise d’otage d’un présentateur télé haut en couleurs et par ailleurs « amoureux » de l’argent, en charge d’une émission sur la bourse et les finances. Un des bons plans boursiers dont il a vanté les mérites s’est avéré être un flop et une arnaque et l’une de ses « victimes » parvient à entrer, muni d’une bombe, sur le plateau lors d’une émission en live. On entre dès lors dans une pseudo réflexion sur notre société du live marquée par un usage de plus en plus prégnant des réseaux sociaux et sur une critique de cette société de l’argent et de la corruption. Là, de l’action il y en a mais des surprises, aucune. C’est un pur film de divertissement et je ne crache pas dans la soupe car il m’a permis de passer un bon moment ciné.
Enchaînement avec ce que je vois comme étant mon « highlight » du jour j’ai nommé la séance présentation officielle de La Danseuse présenté à Un Certain Regard en présence de Thierry Frémaux qui a introduit la séance et de l’équipe du film qui ne comprend pas moins que Lily Rose Depp (fille de qui vous savez mais au cas où je vous le (re)dis : Vanessa Paradis et Johnny Depp), Soko qui me gonflait un peu jusque là je dois dire mais qui est parfaite et merveilleuse dans ce très très beau et virevoltant premier film, Mélanie Thierry et le beau Gaspard Ulliel. Et dans la salle, la jolie Vanessa, Monsieur Bertrand Tavernier (dont je souhaite vraiment voir le documentaire présenté ici) et d’autres « celebs » bien sympathiques. Ce film est une jolie merveille qui évoque « la vie et l’œuvre » de Loie Fuller, pionnière de la danse moderne. Imaginez en quelque sorte le spectacle de fin d’année de danse contemporaine de votre fille / nièce / cousine / petite sœur mais en beaucoup plus somptueux et envoûtant. Saupoudrez d’une pincette d’amour de façade et de bienséance et de désir lesbien et vous avez un film à la fois très rock, subtile et soyeux.
Minuit trente. Derniers papotages and I call it a night (direction dodo en d’autres termes) Niveau de batteries : pile au niveau de la moyenne. Envie d’en garder pour la suite des aventures !