Je poursuis donc mes allées et venues dans les diverses salles qui projettent la sélection du Champs Elysées film festival, que je ne vous présente plus on est bien d’accord.
Je confirme définitivement mes dires, ce festival est sympa, à la portée de tous, agréable et propose une sélection vraiment intéressante.
Le dernier film que j’ai découvert n’est autre que Fatima, ce film présenté à Cannes en mai dernier à la Quinzaine des réals et que j’avais à tort, totalement ignoré.
Ce film raconte le parcours d’une mère de famille immigrée et de ses deux filles qu’elle élève seule : une ado en rébellion de 15 ans et l’aînée qui entre en première année de médecine.
Ce film est d’une pureté assez incroyable. Il n’y a jamais un mot de trop et j’aime surtout qu’il nous permette une incursion au cœur de la vie de cette femme immigrée, dans ses souffrances, ses fragilités et cette force qu’elle puise en elle chaque jour. Il est question de dignité, de courage et de résignation.
Mais bien évidemment, la résignation n’est pas une fin en soit et c’est de là que le film tire toute sa force et sa justesse. En clair, cette femme souffre de ne pas parler français, elle a bien conscience des manquements que cela lui procure et de la posture, toujours en retrait, que cela lui impose.
Et c’est justement cela que j’ai aimé. Jamais je n’avais vu un film qui évoquait ce sujet. Car Fatima ne parle peut être pas le français, elle n’a peut être pas été longtemps à l’école mais elle a des choses à dire, des choses qu’elle ressent, qu’elle pense, qu’elle vit. Toutes ces choses restées en elle trop longtemps, elle les couchera sur le papier, à sa façon avec finesse, comme pour dévoiler sa part manquante. Sans aucune volonté de justification, simplement cette envie d’enfin pouvoir s’exprimer.
Ce film est d’une maîtrise assez impressionnante. Jamais le réalisateur ne cherche à en faire des caisses. Il n’y a aucune volonté d’exercice de style, au mieux une volonté de parler vrai et de filmer l’Humanité.
A l’heure où l’immigration est au cœur de tous nos journaux et sur les lèvres de tous les politiques, je vous enjoins à découvrir ce film qui à le mérite de lever le voile sur les vérités d’un parcours que l’on considère comme commun, celui des immigrés. Mais ce film justement nous rappelle que nous sommes tous des entités uniques et s’il y a des parcours de vie commun, s’il y a des milliers de Fatima sur cette Terre, celle dont nous faisons la connaissance dans ce film à des choses à nous dire, des choses à exprimer et à partager que personnellement, j’ai envie d’écouter.
La suite du programme festivalier c’est la reprise de 8 mile, que j’ai très envie de redécouvrir ce soir puis la projection de clôture (oui, déjà) demain soir.
A suivre !
PS : le CE film festival est ouvert à tous, n’hésitez pas à réserver votre place pour une projection !