Que reste t-il de nos rêves de jeunesse ? C’est un peu le leitmotiv des films de Rémy Bezançon (Le premier jour du reste de ta vie) qui, je dois dire, me ravit toujours avec ses films tendres, empreints de nostalgie mais assez pêchus.
Au final ce n’est pas tant la nostalgie qu’il dépeint sinon ce fameux tournant de vie qui veut que l’on accède à un nouveau stade, ce fameux « passage à l’âge adulte ».
C’est ce même moment de vie qu’il aime à décortiquer et à creuser tant il est le socle de toute une vie passée. Je ne suis pas trop branchée citations mais je dois dire que la suivante est en totale adéquation avec l’esprit du film : « La maturité de l’homme, c’est d’avoir retrouvé le sérieux qu’on avait au jeu quand on était enfant. » Friedrich Nietzsche.
Chez Bezançon il y a justement deux catégories d’adultes : ceux qui ont oubliés leurs rêves de jeunesse et vivent une vie morne, vide de sens et de but (personnage joué par Pierre Rochefort, mou du genou et expressif comme une huître) et puis ceux qui sont restés bloqués à l’âge des gamineries, j’ai nommé les « adulescents » (personnage joué par Pio Marmai, définitivement très expressif, dynamique, sympathique, fun, sexy… pardon je m’emballe)
Ce sont les retrouvailles de ces deux amis d’enfance que filme le réalisateur. Que se passe t-il lorsque deux personnes qui partageaient tout se retrouvent et ne partagent plus rien d’autre que leurs souvenirs communs ?
Il s’agit là d’un thème traité à maintes reprises et j’espérais que le réal en fasse quelque chose d’un peu spécial. J’ai au final passé un agréable moment sans pour autant être emballée par les retrouvailles de ces deux amis que tout semble opposer désormais. Le tout est charmant mais pas très profond.
Il ne parvient pas vraiment à décortiquer ce qui moi, me questionne véritablement : à quel moment devenons-nous adulte ? A quel moment arrêtons nous d’être dans l’insouciance de l’enfance pour entrer dans la défiance, les calculs et les soucis du quotidien ? Mais au final, est-ce vraiment cela que la vie d’adulte ? Il me semble qu’elle nous est présentée de la sorte sans pour autant m’y retrouver. Qu’est-ce alors qu’être adulte si ce n’est d’accepter un passé pour vivre un présent et construire un futur ? (et tout cela dans la bonne humeur bien évidemment !)
J’ai également quelques réserves sur le scénario qui m’amène a voir la crise existentielle de Yann (Pierre Rochefort le « vieux avant l’âge) comme étant banale alors que filmer le deuil d’une amitié est sans doute un sujet qui offre pas mal de possibilités et pour sûr, un sujet très touchant.
Je reste donc avec le sentiment d’un film sympathique mais pas abouti, qui avait en main pas mal de clés intéressantes mais dont la chimie n’a jamais vraiment pris.
Il me laisse en tout cas avec ce questionnement sur ce fameux âge adulte. Si je suis très à l’aise avec le fait de ne pas être en phase avec nos rêves d’enfants (on évolue et nos goûts et nos envies avec), je reste persuadée du fait qu’il nous faut toujours garder un œil sur l’enfant que nous étions et se demander si il ou elle serait fière de nous (ça fait un peu dédoublement de personnalité mais j’aime ça !) et puis surtout surtout, toujours prendre de la hauteur sur les choses et ne jamais manquer une occasion de rire et d’aller de l’avant. Sans barrière.