Me voilà redevenue parisienne après une aventure Cannoise quelque peu mouvementée (relatif à la fatigue accumulée) mais plus je debrief et plus je réalise à quel point elle fut superbe, sans aucune mesure avec ce que j’avais pu vivre cinématographiquement parlant jusque là.
J’ai donc repris mes petites habitudes (2 séances par semaine en moyenne) et ai subitement réalisé que j’étais toujours dans l’ambiance de Cannes non pas grâce à un quelconque tapis rouge, ni même grâce à des stars croisées au détour d’une rue mais bel et bien parce que TOUS les films que j’ai vus depuis mon retour sont des films ayant été présentés à Cannes.
Définitivement Cannes, c’est l’événement ciné de l’année : on en parle avant, pendant et après !
J’ai donc suivi un chemin Cannois et donc forcément ardu et parfois complexe qui m’a fait voyager du monde d’Audiard (grande envie de revoir De rouille et d’os qui m’avait touché et marqué sur la Croisette) jusqu’au monde « révolutionnaire » de Cronenberg (Cosmopolis) en passant par l’univers fantasque de Monsieur Woody (Woody Allen: a documentary) et en faisant un loooong détour par la route de Walter Salles (Sur la route).
Quelle épopée !
Laissez moi vous dire 3 mots des 3 films dont je ne vous ai pas encore parlé.
Je me suis laissée porter par cette épopée fortement alcoolisée. J’ai trouvé que l’univers du bouquin (que je n’ai pas lu soyons clairs mais je l’imagine tout à fait !!!) était fort bien recomposé. On baigne dans cette atmosphère propre à celle des écrivains de « la grande époque » : j’entends : sexe, drogues et littérature. Rien de bien fou cependant et parfois quelques lourdeurs qui nous poussent à rire ou du moins sourire… Ok on a compris que vous ne pensiez qu’à écrire un recueil, boire et faire l’amour… Un coté répétitif donc qui vient montrer la léthargie dans laquelle se situent les personnes, forts jeunes il faut le repréciser, ces jeunes passionnés de littérature mais pas encore prêts à prendre en main leur vie et leur destin.
Il faut déjà comprendre que je suis fan absolue de Woody que j’ai découvert sur le tard (comme la plupart des réalisateurs mais je pense avoir déjà partagé cela avec vous). J’aime son cinéma très bavard, intello et trituré du cerveau. J’aime son questionnement sur le coté absurde de la vie et c’est donc avec un plaisir sans commune mesure que j’ai dévoré ce docu comme on dévore un bon bouquin. Le docu retrace la vie et l’œuvre de Woody : de son enfance quelque peut perturbée (dès lors qu’il a compris qu’il était mortel, il a arrêté de faire ses devoirs et de travailler à l’école se demandant à quoi tout cela pourrait bien servir ! Témoignage de sa mère à l’appui…) jusqu’à l’analyse du succès de son dernier film « Minuit à Paris » : plus gros succès de sa carrière.
Le docu montre et met en avant le Woody bosseur (un film par an) et presque boulimique de film. Il me parle forcément lorsqu’il dit son amour du cinéma qu’il voit comme un miroir de la société dans laquelle nous vivons et le meilleur moyen de trouver des éléments de réponses aux questions existentielles que nous nous posons.
Le documentaire revient sur les tous premiers films de Woody : des étrangetés mêlant extraterrestres et autres spécimens : questionnements directs sur la vie, la mortalité, l’existence d’un « après »… Pour ensuite se recentrer plutôt sur des comédies et des drames plus « filmiques » et plus « cinématographiques ». Woddy Allen est en quelque sorte un autodidacte qui ne possède pas plus que son amour pour le cinéma et pour les mots.
Le résultat en fait l’un des réalisateurs les plus prolifiques et les plus admirés de notre époque.
Cet ovni cinématographique (j’avais déjà employé ce terme pour « The tree of life ») m’a laissé pantoise. Je ne peux pas dire que j’ai détesté au point de quitter la salle (comme l’ont fait quelque 20 personnes – ce qui est énorme – le jour où j’ai assisté à la projection), j’étais intriguée et avais envie de tout voir pour ensuite juger… Mais je ne peux pas dire non plus que j’ai aimé. On assiste clairement à la critique de toute une société et au déclin d’un empire. Il ne s’agit pas seulement des Etats Unis mais de la société de consommation toute entière. Ce jeune homme (Patinson : tout le monde parlait d’un choc lié à son jeu d’acteur, ok certes il ne joue plus un vampire et à changé de registre et de niveau par la même occasion mais de là à parler de choc… une chose est sure, je n’ai pas ressenti de secousse !
On suit donc le périple journalier de ce jeune « golden boy » qui va voir son monde s’écrouler sous ses yeux. Le film n’est que métaphore et allégorie… L’histoire en elle même n’est pas très intéressante : le pitch d’ailleurs en est à l’image (Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville) mais c’est l’analyse du sujet qui est importante… Comment vivre et évoluer au sein d’une société dont on ignore tous les codes et tous les enjeux ? (Lui, enfermé dans sa limousine qui le protège de tous les bruits extérieurs et à plus large échelle de tout ce qui s’y passe).
Et puis les contradictions, il est seul (ou presque) dans cette grand limo mais manque de place… il est à l’étroit car ne sait pas comment utiliser l’espace qui lui est réservé. Il est perdu dans cette vie qui ne lui appartient pas. A ce niveau là, sans changer d’avis sur ce que j’ai dit concernant le jeu de Patinson, je dois reconnaître qu’il mime et compose fort bien cet aspect du rôle : il ne garde pas longtemps le port de tête droit et l’assurance qui est la sienne lors du premier plan… la décadence, la déchéance même, la perdition l’emportent vite pour qu’au final, on le sente dans l’anéantissement le plus total… à la merci du monde, de la société – pris à son propre piège… Car c’est lui seul, se pensant invincible (ou peut-être se sachant déjà acculé) qui prend la décision d’aller au devant de celui qui cherche à le tuer…
Là encore, bon nombre d’interprétations sont sans doute à prendre en compte… Je suis d’ailleurs dans l’attente de vos remarques / points de vue car il s’agit clairement d’un film dont il y a fort à dire…
Figurez vous que je voulais aller au cinéma ce soir… pour assister à l’avant 1ère du film de Kervern et Delépine Le grand soir avec Poelvoorde et Dupontel mais la séance est complète : Snif… j’aurais dû m’en douter et être plus réactive… Car je vous le donne en mille il s’agit d’un film présenté à Cannes… (Souvenez-vous, Cannes on en parle avant, pendant et après…) Ceci explique cela…