Le réveil matinal commence à être difficile mais je peux vous dire que je ne suis pas prête de plier !
7h hop debout d’une traite et pas question de traîner.
J’ai vu ce matin Mademoiselle, le film sud coréen en compétition signé Park Chan Wook. Une beauté, une merveille.
Mademoiselle c’est déjà un scénario découpé en 3 parties qui propose des rebondissements intéressants et très bien amenés. C’est aussi une lumière, des plans, des couleurs, des mouvements de caméra idéalement orchestrés et deux actrices à la fois sublimes, d’une pureté et d’une rébellion totale. C’est rock et tendre et il est également question d’amour lesbien. Aurais-je noté là une tendance festivalière ?
Il me semble en effet que La vie d’Adèle (palme d’or 2013 qui a marqué les esprits) ouvrait la porte à un questionnement sur l’homosexualité : sujet de société oblige. Des films comme Rester Vertical, Ma Loute, La danseuse (voir mes articles précédents pour en savoir plus sur ces films) et Mademoiselle veulent nous dire le peu d’importance du genre lorsqu’il est question d’amour. Que l’on aime un homme ou une femme n’est plus un sujet. La question est d’aimer.
Mademoiselle donc, combine escroquerie, amour, attirance et trahison et donne lieu à une fresque de 2h30 que je n’ai littéralement pas vue passer. C’est pour dire, j’irais bien revoir ce film au plus vite ! Il est à la fois tendre et vénéneux, lumineux et ombragé, toxique et totalement enivrant. Un pur film de cinéma dans toute sa splendeur.
Place au cinéma social de Ken Loach qui a sa place attitrée à Cannes : 1 palme d’or en poche. Il est vrai que son cinéma nous touche en plein cœur à chaque fois. Fidèle à ses sujets de prédilection, le réal britannique choisit de nous dresser le portrait d’un homme embourbé dans les démarches administratives suite à un accident de travail l’empêchant de retravailler. I, Daniel Blake nous redit l’importance de replacer l’humain au centre de toute chose, de toute action de toute vie, au cœur de toute société. Ken Loach ne fait rien de moins que de dresser le portrait d’une société déshumanisée qui court à sa perte en transformant hommes et femmes en robots automatisés privés de toute capacité à réfléchir et à agir en conséquence de façon là aussi, humaine et censée.
I, Daniel Blake dresse également le portrait d’une mère courage élevant seule ses deux enfants. Le réal nous montre la réalité de ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts et se privent de tout et même du nécessaire. Voir cette jeune femme dire à ses enfants qu’elle a déjà dîné car il n’y a pas assez de pâtes pour trois m’a fendu le cœur. J’ai littéralement pleuré à chaudes larmes devant ce film. Le plus admirable est cette maestria dont fait preuve Ken Loach pour nous mettre face à ces réalités sans pour autant, jamais, tomber dans le pathos. Il a un œil sans cesse juste et d’une humanité pure. J’aime qu’il traite le sujet en frontal et c’est là d’ailleurs la raison pour laquelle ça ne me gène absolument pas de pleurer devant ce film car il me permet de prendre conscience d’une réalité qui existe et qu’il faut voir en face, sans se voiler les yeux. Oui, Palme d’or de l’humanité et prix d’interprétation pour cet acteur qui incarne Daniel Blake : toujours d’une justesse parfaite et le visage illuminé par une vraie fierté qui se mêle à la grâce.
Enfin, alors que je me destinais à aller voir un film Italien, un soucis de timing m’a forcé à y renoncer mais pour mon plus grand plaisir au final. J’ai décidé de voir le désormais classique remasterisé à l’occasion de ses 50 ans : j’ai nommé la Palme d’or 1966, Un homme et une femme de Claude Lelouch qui disons le, même si on n’aime pas toute son œuvre, a beaucoup œuvré et œuvre encore (il vient d’ouvrir une école de cinéma à Beaune) pour le cinéma. C’est donc Claude Lelouch qui a introduit cette séance et quel ne fut pas mon bonheur de découvrir ce film d’amour, cette beauté filmée, ce pur plaisir de cinéma. Je suis très heureuse que Cannes me permette également de combler mes lacunes classiques.
Chabadabada