De ses années lycée, Mavis a sans doute gardé son air hautain et l’envie d’être le centre de l’univers. Il faut également reconnaître qu’elle est parvenu à garder sa beauté et ce, malgré les litres d’alcool ingérés durant toutes ces années.
Mavis, la petite quarantaine, divorcée, vit seule dans son appartement de Minneapolis et partage son temps entre l’écriture de livres pour jeunes adultes (son métier) et les soirées arrosées. Comprenez : les soirées à boire seule dans son appart devant des programmes télévisuels hautement culturels.
Mavis est paumée, Mavis est dépressive et Mavis vous emmerde !
Voilà qui résume l’ambiance du film Young adult, nouvelle comédie dramatique du duo qui avait donné naissance il y a quelques années de cela, à l’inoubliable Juno.
Ce qu’il faut d’abord comprendre, c’est que le concept même de reine du lycée / reine de promo / prom queen et j’en passe, sont très importants aux Etats Unis et sont censées marquer tout une vie : la prom queen est celle vers qui tous les regards se tournent, celle dont l’éducation est forcément réussie, bien souvent un esprit sain dans un corps sain et bien évidemment celle qui se dirigera vers l’université la plus chic et la plus tendance. C’est la fille qu’il faut suivre, qu’il faut être. Etre prom queen c’est l’apothéose d’une vie… ou presque.
Mavis (excellente Charlize Theron) fut cette jeune femme. Star des cours de récré, aimant à garçons et princesse en devenir… Sauf que Mavis a dû rater une marche car, comme je l’expliquais plus haut, la roue a tourné pour elle et pas du bon coté. Mavis n’avance plus, elle stagne et pire, vit dans le passé, dans la nostalgie de ce passé heureux et sans dommage. Elle vit tant dans cette ère révolue, qu’elle va décider de retourner sur les pas de sa jeunesse oubliée avec pour unique but de reconquérir son ex, marié et père de famille.
Après avoir esquissé quelques éclats de rire : voir Mavis trainer sa misère (littéralement) dans des pyjamas Hello Kitty informes et enchaîner vacherie sur vacherie auprès des rares personnes qui l’entourent, il ne faut pas creuser plus pour découvrir la réelle misère affective dans laquelle elle se trouve. Mavis est perdue. Elle a tout en apparence, certes plus de mari mais un métier qui lui offre une place de choix dans la société, une beauté sans nom, une garde robe remplie des dernières pièces à la mode… mais pas le principal. Aucun amour propre, aucun partage, aucun échange… sa vie est « vide à craquer ».
Rien que cet aspect du film porte à réflexion. Dans notre société qui fait l’apologie de la jeunesse, de la beauté et de l’argent comme étant des sources de joie et de bonheur garanties, il est important de replacer les choses dans leur contexte et alors, il devient clair que rien de cela n’a de sens lorsqu’on est seul(e) à en profiter et lorsque la manque de tout le reste nous terrasse.
Si ce film ne devait traiter que d’un sujet ce serait celui-là : montrer l’importance d’avoir un entourage sur lesquels il est possible de compter et surtout avec qui il est possible de partager ce que l’on a, ce que l’on vit… et surtout l’importance d’avoir un but, une passion ou un centre d’intérêt.
La vie de Mavis semble s’être arrêtée dans la cour de ce lycée qu’elle fréquentait… n’avait-elle fait aucun plan pour la suite ? pensait-elle que la vie se résumait à cela : traîner avec les mecs les plus canons du lycée sans se soucier de l’avenir ?
Elle est comme prisonnière de ce passé, de ses belles années, qui ne lui ont au fond rien laissé de très positif.
On aurait presque de la peine pour elle si c’était sans compter sur les vacheries qu’elle réserve à ses ex amis… Car oui, comprenez, que Mavis est revenue dans son bled de jeunesse pour répandre un sacré foutoire : coups bas, jalousies, décolleté plongeant : tout est permis. Elle s’est mise en tête de récupérer son ex – comme elle aurait décidé d’aller acheter des oeufs ou un nouveau pull – et tous les coups sont permis jusqu’à ce qu’elle n’ai plus les ressources suffisantes pour assumer tous ses mensonges et faire face à ces gens qui la scrutent. Ces beaufs, ces gens incapables de sortir de leur bourgade sont au final bien plus heureux et épanouis qu’elle ne peut l’être : ils parviennent à gérer leur vie et à avancer, ce dont elle est incapable. Comme cet ami, ex bouc émissaire du lycée en qui elle va trouver un confident et un ami… Oui, la roue tourne toujours.
On rit à nouveau un temps pour au final se prendre définitivement de pitié pour cette femme qui nous semble tout à coup si proche. Car oui, Young adult donne à réfléchir sur toute une génération qui se trouve être la nôtre… sur cette image que l’on se crée dans la vraie vie ou sur les réseaux sociaux (je check in que je suis dans le resto le plus branché de la capitale, je mets en ligne les photos de ma dernière soirée : regardez moi je suis la fille à suivre !) On a trop tendance à penser que seule l’enveloppe compte, que seul ce que nous dégageons à de l’importance. Nous sommes toutes des Mavis Gary en puissance aujourd’hui, à nous toutes donc d’être vigilantes et de ne pas laisser passer les plus belles années de notre vie qui se trouvent être celles que nous vivons… aujourd’hui. Rien de pire que de passer à côté de sa vie.