On peut être journaliste pour un grand magazine féminin et être une desperate housewife… Voilà qui est dit et voilà qui vient résumer le film dont je m’apprête à vous parler ce soir.
Où bien, faudrait-il mettre l’accent sur les deux autres jeunes femmes du film…
Je vous parle en effet d’Elles, un film actuellement en salle qui résonne – selon moi – comme une déclaration d’amour à la féminité et au respect.
Elles, se sont les deux jeunes étudiantes qu’interviewe Anne (excellente Juliette Binoche), journaliste reporter au sein de la rédaction de ELLE dans le cadre d’un reportage sur les étudiants parisiens.
Angle du papier en question : la prostitution comme moyen de subvenir à ses besoins, payer ses études et avoir un train de vie décent.
Anne, quarantenaire et mère de famille embourgeoisée, est engoncée dans sa vie. Une vie qui ne lui va plus. Aucune pointe de glamour en effet dans le quotidien de cette femme occupée à acheter des produits bio et préparer un repas pour le patron de son mari… Entre son couple qui se délite, un fils aîné à l’apogée de sa période adolescente et un cadet qui passe son temps à tuer les méchants via sa console de jeux… il semble bien que le seul répit qu’elle puisse trouver est son métier, sa passion sans doute : ses papiers d’investigation pour ELLE.
Au contact de deux jeunes femmes qu’elle va rencontrer, Anne va récolter bien plus que les quelques témoignages qu’elle venait chercher. Les mots, les conversations échangées vont résonner en elle comme jamais auparavant et vont lui donner la force de reconstruire une vie qu’elle avait laissé pour compte depuis trop longtemps.
Sans aucune vulgarité, quoique quelques scènes de sexe explicites, ni misérabilisme ce film montre une réalité sociale connue mais trop peu dénoncée.
Je parlais plus haut de « résonance », il semble que le film soit basé sur des mises en abîme qui donnent profondeur et consistance au film.
Les jeunes femmes le clament haut et fort : elles préfèrent se prostituer afin de pouvoir s’offrir l’appart, la paire d’escarpins ou la robe qu’elle veulent plutôt que de trimer au Mac Do pour un salaire de misère. Rien de pire que l’odeur de l’acrylique et des HLM… Aussi Anne, sous ses airs, et de part ses apparats bourgeois, leur apparaît comme un modèle de réussite. Lorsque les échanges se terminent, on comprend pourtant clairement que celle qui a le plus reçu est justement Anne qui a réussi à puiser en ces jeunes femmes la force de se battre et de remettre sa vie à flot. Son « merci » résonne alors comme un cri du coeur et nous émeut forcément.
Du point de vue de la réalisation, les plans serrés viennent nous rappeler la délicatesse et la douleur du sujet… nous les voyons telles qu’elles sont, sans fard, à fleur de peau. A fleur de peau physiquement mais aussi et surtout moralement… « le mensonge est sans doute la partie la plus difficile à gérer » dira une des jeunes filles.
Je lisais, avant de voir ce film justement, une interview de Juliette Binoche qui disait : « Scientifiquement, on a prouvé que le corps absorbe ce qu’on joue comme si tout était vrai. Comme quoi il faut bien choisir ses films ! ». Cette phrase me fait penser au travail d’investigation auquel sont confrontés les acteurs, de la même façon qu’un(e) journaliste mène son enquête, travaille son rôle, apprend, révise… Le tout est d’entrer dans la peau du personage pour le comédien, et d’entrer en contact avec une réalité, aussi dure soit elle, pour le(a) journaliste.
Ce film parvient donc à redonner vie à cette notion de profondeur, de recherche, de travail… notion bien souvent bafouée en ces temps où l’on nous demande de tout faire vite. Faire les choses vite, de façon bâclée, ne serait-ce pas là le meilleur moyen pourtant de laisser de côté notre âme et nos vrais ressentis ?
Clemy
Je viens de découvrir ton blog et en tant que grande amatrice de cinema, mais expatriée dans un pays où cette partie de la culture est un peu sacrifiée à mon gout, je trouve cela génial de pouvoir
suivre l’acutalité du cinema français en dehors des critiques institutionnelles! Merci 😉
Pour ce qui est de Elles je l’ai vu ce week-end lors d’un passage éclair à Paris et c’est en effet un grand hymne à la féminité et au respect. Superbe.
Barbara fait son cinéma
merci pour ton com Clemy ! je suis ravie de pouvoir te permettre de garder un lien avec le cinéma français. Je peux imaginer le manque que tu dois ressentir parfois et j’adore le fait que tu aies
trouvé le temps de te faire un ciné lors de ton passage éclair à Paris : c’est à ça qu’on reconnait les vrais cinéphiles 😉
à bientôt !
flo
Décidément celui là, il faut que je prenne le temps d’aller le voir. J’avais déjà vu la bande annonce et je pensais y aller. Tu me l’as remis en tête !^^ En ce moment je ne fais plus d’article sur
le cinéma car je n’ai plus le temps d’y aller et ça me manqueeeee 🙁 et puis toujours aller au cinéma toute seule c’est pas très drôle (bah oui mes amis sont « occupés » et puis le cinéma c’est trop
cher tu comprend^^) RABAT-JOIE surtout^^ Ça t’arrive d’aller au cinéma seule ?
Barbara fait son cinéma
🙂 tes com sont tjs aussi punchy Flo ! tu me fais rire 🙂
oui je vais parfois au ciné seule par choix et j’aime ça !! j’aime également y aller à deux ou à plusieurs, ce n’est pas la même façon d’appréhender le film que tu vas voir.
Je me souviens la 1ere fois ou j’y suis allée seule : je me demandais ce que les gens allaient penser etc… et en fait, j’étais loin d’être la seule à être seule !!
En tout cas à Paris, ça se fait bcp – en province un peu moins c’est vrai… aller au ciné est un moyen de passer un bon moment entre amis ou en famille bien souvent. Bref, je serais toi, je
n’hésiterais pas à aller seule au ciné parfois : si tu attends tes amis, tu vas louper pas mal de films !
à+
Flower
Ça y est je suis allée le voir et j’ai A-D-O-R-E ! Bon je suis sortie de la salle à moitié dépressive mais tout de même… j’ai bien fait d’aller le voir en tout cas ! et sinon je suis aussi allée
voir L’amour dure 3 ans et par contre j’ai beaucoup moins aimé… J’aime pas trop le fait que l’acteur s’adresse directement aux spectateurs et puis j’avais pas lu le livre donc bon… ^^
Barbara fait son cinéma
si tu n’avais pas lu le roman de Frédéric B je peux comprendre que tu n’aies pas trop aimé. C’est un style très particulier. Perso je suis une grande fan. J’aime son cynisme et sa sensibilité
bien cachée !
le fait que l’acteur fixe la caméra correspond au livre, c’est pour être plus proche de nous 🙂