La fin est proche. Les incidents climatiques survenus ces dernières années, les guerres incessantes, la perte du Triple A de la France… tous ces éléments et même d’autres sont là pour nous rappeler que rien n’est immuable et que oui, la Terre s’engoufrera dans un néant que nous ne maîtrisons pas, au cours des prochains centenaires, des prochaines décénies, des prochaines années, des prochains mois même selon les Mayas… Alors si nous ne savons rien de cette fin du monde, il nous est tout à fait possible de l’imaginer, de la rêver…
Une chose est certaine déjà : c’est la nature qui semble nous dicter les signes précurseurs qui vont de pair avec la fin du monde. Le sujet avait déjà été abordé il y a quelques mois dans l’excellent et très métaphorique Mélancholia emporté par une Charlotte Gainsbourg sobre et percutante (oui Kirsten aussi mais Charlotte m’avait vraiment bluffée de douceur et de prestance). Mélancholia, dont je n’avais pas parlé à l’époque me revient aujourd’hui à l’esprit. Je me souviens avoir été très marquée par ce film sophistiqué et à la force telle qu’il vous « scotche » littéralement à votre siège.
Melancholia, du nom de la planète qui venait heurter et détruire la Terre, nous montrait sous forme de conte métaphorique, la perte de tous les repères, la fin d’un monde.
Take Shelter, nous raconte l’histoire d’un homme possédé par des visions. Cet homme, mari et père d’une petite fille a des hallucinations et voit arriver la venue imminente d’un énorme cyclone sans précédent. Il tente de se raisoner, rien n’y fait.. Il devra aller au bout de ses démons et trouver ce qui le ronge, ce qui l’effraie. La réflexion autour de la maladie mentale est bien amenée et bien traitée
On pense bien sur à la culpabilité qu’il doit ressentir vis à vis du handicap de sa fille. Sa fille est sourde : handicap qui isole du monde et des gens qui vous entourent. Tout ce qu’il fait et met en place c’est avant tout pour protéger sa fille : ce cyclone qu’il voit venir ne serait autre que le symbole des difficultés (tourbillons) auxquelles sa fille sera ammenée à faire face en étant sourde.
Cet homme a l’impression de ne pas être à la hauteur et surtout de ne pas être en mesure de protéger sa fille des risques et des difficultés qu’elle encourera lorsqu’elle sera confrontée au monde extérieur.
Puis, très vite il va sombrer… dans un mélange de folie et de parano. Son regard est tantôt appeuré tantôt semblable à celui d’un homme possédé. Excellent Michael Shannon présent à la fois dans le registre de l’émotion de laquelle émane une grande sensibilité et dans le registre de la colère toute enfouie. Un grand jeu d’acteur.
Ce film évoque bien sûr notre rapport à la misère du monde et aux catastrophes. Comment faire face à l’horreur indescriptible et à l’injustice des catastrophes naturelles ? On s’est tous posé la question en regardant les images des tsunamis diffusées en boucle sur nos écrans de télévisions et d’ordinateurs. Comment réagir entre désolation et indiférence ?
Je ne peux m’empecher de penser également à cette émission sur laquelle je suis « tombée » récemment, sur ces familles qui se préparent à la fin du monde à base de boites de conserves, d’armes et autres masques à gaz. Ces gens sont convaincus de « l’arrivée » de la fin du monde et mettent toute leur énergie à « s’en protéger ». Quelle énergie gachée, quel temps perdu.
Dans un monde où nous nous devons de penser à demain, de prévoir, concernant la « fin du monde » : ne devrions-nous pas plutôt nous atteler à vivre ?
Ce film, dense, fort et marquant reflète finalement le combat d’un homme qui aspire à vivre sa vie de façon libre, sans peur du jugement dernier : impossible en effet, de ne pas cerner cette vision biblique.
Ce film montre en tout cas l’importance primordiale de la communication au sein de la cellule familiale avec laquelle il faut resserer les liens afin de faire face aux difficultés économiques et sociales actuelles. La famille apparait alors comme étant l’abri le plus sécurisé en ces temps difficiles.
Enfin, Take shelter est clairement une fresque post 11 septembre qui nous rappelle que nos jours sont comptés et qu’il est de notre devoir de vivre aujourd’hui.