Ce bonnet rouge, comme je m’en souviens ! Non pas que j’aie jamais été passionnée par l’écologie mais par la nature ça oui et vous me l’accorderez cela revient à peu près au même. C’étaient les 90’s, j’avais une petite dizaine d’année et le commandant Cousteau faisait son show à la télé. Lui et son équipe barbotaient et nous faisaient rêver de fonds marins et d’expéditions à bord de son imposante Calypso.
Je semble totalement envoûtée par le commandant Cousteau mais c’est par ailleurs sans grande conviction que je suis allée voir L’Odyssée, ce film actuellement à l’affiche, retraçant le parcours de vie du Commandant Cousteau, sa femme, ses deux fils et son équipage.
La surprise fut bonne ! Le film trouve son rythme dès les premières images et s’intéresse de près à la personnalité charismatique et contrastée de cet homme dont j’avais une image faussée. Forcément, je n’avais connaissance que du commandant Cousteau des années 90 alors sa carrière avait commencé bien en amont, dans les années 60 pour l’emmener au cœur des studios de cinéma américains auxquels il vendait les premiers films que l’on ait jamais vus sur les profondeurs marines et autres animaux des mers. Cousteau avait un goût prononcé pour la mer mais aussi pour le business.
Ce sur quoi le film met l’accent et gagne en profondeur, c’est sur la relation certes conflictuelle mais pourvue d’amour entre le commandant et son fils cadet Philippe. Pierre Niney incarne avec grande conviction ce jeune homme avide d’aventures en contradiction avec un père qui cherche à tout prix à faire de sa passion son gagne pain, à faire de la mer son garde manger : comprenez, une source de business.
C’est l’évolution même de cette relation que porte à l’écran Jérôme Salle pour nous amener jusqu’à une vraie prise de connaissance commune de l’importance de protéger ces terres et ces profondeurs tant estimées. C’est dans les yeux de son fils que Cousteau a compris qu’il lui fallait passer de son statut d’explorateur à celui de protecteur de cette nature aquatique.
On est bien loin de l’esprit fantasque de la vie aquatique de Wes Anderson, le tout est très classique voire même académique mais je dois vous dire que j’ai été emportée par cette affaire de famille en eaux profondes. C’est à ce titre que l’on respire bien plus profondément dans les scènes de plongée empreintes d’une puretée totale que lors des nombreuses scènes de discussion à l’air libre qui tournent bien souvent si ce n’est au pugilat à des échanges houleux.
Un mot des acteurs qui sont tous assez brillants, mention spéciale à Audrey Tautou que je ne crois pas avoir déjà vue aussi « présente » et poignante. Elle incarne la femme, souvent trompée mais solide comme un roc à chaque instant, du commandant. Seul maître à bord de la Calypso et on le comprend bien, seul port d’attache d’un homme souvent en dérive.
Pierre Niney est souvent touchant en jeune homme avide de découvertes, ému face à tant de beautés et de puissance naturelle (la scène des requins mais surtout celle avec la baleine m’ont émues et émerveillées) et Lambert Wilson incarne avec brio ce commandant charismatique et compliqué. Je tiens à noter également, car fait rare, que le maquillage est parfait car franchement, la plupart du temps, les films dans lesquels les mêmes acœurs incarnent une seule et même personne de 20 à 70 ans sont souvent empreints de ridicule. Rien de tel ici avec cette vérité qui émane à chaque instant.
Et puis soudain, la puissance et le mystère des profondeurs ; et le silence se fait.