Que Dios nos perdone (en français dans le texte) c’est d’abord ce binôme. L’un bègue et méticuleux, l’autre gros bras nerveux. Un duo très cinématographique de part son antagonisme.
Que Dios nos perdone c’est ensuite cette enquête policière qui vise à trouver le coupable de ces viols en série perpétués sur des femmes âgées. Oui, glauque.
Que Dios nos perdone (après j’arrête !) c’est en fait ce premier plan qui balaie une place et nous donne à voir un pan de ce qu’est l’Espagne aujourd’hui : diverse, pauvre – la caméra suit cet homme SDF comme pour nous signifier la pauvreté qui atteint le pays – mais une Espagne portée par un souffle de vie réel (la présence de Podemos et des indignés ?)
Oui, très clairement, le réal a pris le parti d’insérer son histoire, son enquête dans la vérité économique (la crise), sociale (les manifestations) et politique / religieuse de son pays avec comme point d’orgue la venue du Pape pour illustrer la dissonance qui marque le pays basé sur des oppositions.
C’est alors dans une ville écrasée par une canicule torride que les deux acolytes mènent l’enquête qui les conduira (je ne spoile pas n’ayez crainte) jusqu’à ce personnage presque angélique dont le visage et la posture m’ont fatalement fait penser à une sorte de Norman Bates à la fois perdu dans ses souffrances et bien ancré dans un réel maladif et ignoble.
Là encore, le réal joue sur le fil de la dualité pour nous signifier la crise qui tient le pays par les chevilles mais montre bel et bien cette volonté d’aller de l’avant et toute la richesse d’une culture et d’une civilisation qui a encore de beaux jours devant elle tant elle parvient à se défaire de ses démons.
Sylviane
film remarquable dont les images me poursuivent encore !