Ce Burning – dont vous avez du désormais entendre parler tant il est sur toutes les lèvres des festivaliers qui crient (j’en suis) à la honte de ne pas le voir figurer en lettres de feu dans le palmarès du dernier Festival de Cannes – est une expérience à vivre, à ressentir.
Lent, répétitif, tendre, sexy et vénéneux… L’histoire de ces retrouvailles entre deux ex élèves d’une même classe, Haemi et Jong Soo. Elle, un peu grande gueule, libérée sexuellement, baroudeuse qui se prépare à un voyage au Kenya, lui plus réservé, que l’on sent un peu mal dans sa peau. Le film mêle alors tendresse et égarement.
Burning c’est avant tout cette maîtrise du Cinéma et cette mise en scène qui mise tout sur l’ellipse et le hors champs. Rien n’est véritablement explicite mais chaque plan est sublime.
La maîtrise des mouvements de caméra, ces couleurs, cette façon de filmer en retrait comme pour ne pas se faire trop remarquer par les personnages. C’est d’une légèreté et d’une classe sans nom ! Je ne suis pas prête d’oublier certaines scènes déjà bien imprimées dans ma rétine parmi lesquelles celles du mime ou encore plus largement celle de la danse, baignée dans ce soleil couchant avec pour seul horizon les deux Corée qui se font face. Burning dit alors quelque chose de son pays, d’un système bloqué en proie aux problèmes politiques que l’on perçoit et qui engendrent bien des maux.
De retour de son voyage à Nairobi, Haemi intègre à leur duo un homme rencontré sur place. Ben, jeune homme classe, peu loquace sur sa vie et son activité professionnelle. La rivalité entre les deux hommes va alors prendre racine sans pour autant nous donner des billes quant à la nature de leur relation à chacun, à tous.
Le tout est ambigu et je me laisse toujours porter. Je sens que l’ambiance a évolué qu’il se trame quelque chose mais là encore beaucoup de choses se disent en dehors du cadre, dans cet ailleurs cinématographique. Mon attention est à son comble. J’accepte donc de rester à ma place de spectatrice à qui l’on ne donne pas tous les indices et je vis le film comme il me vient. J’accepte l’ambiguïté voulue du film et de ses personnages.
C’est ainsi que je suis embarquée dans cette fin qui vrille tout à coup vers le thriller. Et les questions affluent alors. Qui sont ces gens, que font-ils ? Je cherche à obtenir toutes ces réponses moi qui me laissais pourtant porter sciemment par cette histoire. C’est ainsi que le film continue après que le générique de fin ait montré ses dernières lignes de texte. Franchement une très agréable sensation qui poursuit son chemin en moi.
Hypnotique et très conscient. Un grand film !