Jour 2 à Deauville et la promesse de découvrir des films palpitants montrant l’Amérique vibrante, dans tous ses états, telle qu’elle est dans toute sa grandeur et dans ses errances. Dans ses espoirs de (re)conquête aussi et dans son combat contre les inégalités. #Metoo est clairement au cœur de cette édition avec cette volonté de dire la force, la puissance et l’envie des femmes d’agir, de créer, d’avancer pour montrer au monde les super pouvoirs dont elles sont dotées. Pour un monde plus juste et salutaire.
Nancy narre l’histoire d’une jeune femme paumée, qui vit avec sa mère et son chat. Une sorte de mythomane en mal de sensations et de sentiments. Lorsqu’elle voit à la télévision le portrait d’une personne disparue alors qu’elle était enfant, Nancy se convainc que cette enfant alors devenue femme : c’est elle. Elle part alors à la rencontre de sa vraie famille.
Nancy dit en substance l’importance du socle familial. Il dit aussi la facilité parfois que nous pouvons avoir à vivre dans le déni, dans les faux semblants et à quel point ils peuvent nous perdre.
Nancy est un film charmant, qui parle vrai et fort. Réalisé par une femme (on se sent un peu obligé de préciser lorsque c’est le cas) dit également la profondeur des êtres et notre attachement possible à ceux qui ne partagent pas notre sang. Seul le lien social, amoureux, amical prévaut.
J’ai ensuite assisté à la conférence de presse du film durant laquelle la jeune réalisatrice disait avoir pensé à son ancien prof de littérature dont elle garde le meilleur des souvenirs tant par l’enseignement que par l’aspect humain qu’il lui a transmis et laissé et qui s’est avéré être un mythomane qui s’était inventé – non pas des diplômes – mais une vie, autre que la sienne.
De l’usage du storytelling pour se raconter. De l’importance du lien pour s’ancrer.
Puzzle est peut-être le film le plus sympathique que j’ai pu voir à Deauville. Soit un femme, quarantenaire et embourbée dans un mariage qui fonctionne mais qui l’enferme. Son mari n’est pas un mauvais bougre mais il est bien heureux que le dîner soit toujours prêt à l’heure et qu’elle pense à lui acheter ses chips préférés.
Puzzle est une histoire d’émancipation tardive mais réussie. La longue route d’une femme vers la vie qu’elle s’est choisie. L’histoire d’un réveil à la vie.
Si l’allégorie du puzzle n’est pas des plus subtiles – elle devient fan de puzzles et parvient ainsi à replacer dans le bon ordre toutes les pièces de sa vie – le film est assez chouette et jouissif.
Mais tout de même un peu grisâtre et gentillet. Un film sympathique en somme.
Il a obtenu le Prix de la ville de Deauville (oui, vous savez que le festival est ouvert à TOUS les « cinema lovers » ndlr.)
Comme je l’attendais ce document sur Whitney !
Et comme il m’a déçue. Trop people sans doute. Bien que ce qu’il dise de l’Amérique et de son amour pour les Rise & Fall soit intéressant.
Whitney était une artiste née. Mais avant tout, une grande blessée.
Ce documentaire retrace son parcours semé d’embûches, de plongées dans l’enfer des drogues. Il montre surtout la capacité d’une Whitney pleine de grâce et de force – spirituelle et physique qu’on se le dise – qui lui ont permis de remonter à la surface plusieurs fois.
L’insertion de documents personnels au sein du film apporte encore plus de vérité au propos.
Whitney était une incarnation totale de l’Amérique. Un joyau brut taillé pour le succès et la gloire qui a toute sa vie durant marché sur des œufs pour tenter de trouver le bonheur.
Un colosse aux pieds d’argile.
Retrouvez ci-dessous le palmarès complet de cette 44ème édition :
GRAND PRIX : « Thunder Road » de Jim Cummings
Prix du Jury : « Night Comes On » de Jordana Spiro & « Americain Animals » de Bart Layton
Prix de fondation Louis Roederer de la révélation : « We The Animals » de Jeremiah Zagar
Prix du Public de la Ville de Deauville : « Puzzle » de Marc Turtletaub
Prix de la Critique : « Blindspotting » de Carlos López Estrada
Prix d’Ornano-Valenti : « Les Chatouilles » d’Andréa Bescond & Éric Metayer
A l’année prochain Deauville !