C’est déjà la promesse de ce titre aux accents fabuleux qui m’a attirée, qui a attisé ma curiosité. Fabuleux au sens propre du terme, ce titre qui emprunte au monde imaginaire des contes… Il était une fois… Ne serait-ce pas là la plus belle des façons de débuter un film ?
J’ai lu par ci par là que beaucoup reprochaient à Tarantino de « s’être fait plaisir » en réalisant ce film, son 9ème, qui arrive à point nommé après le très décevant Les huit salopards). N’est-ce pas là le propre de toute création ? Mettre son coeur à l’ouvrage, y insérer une part d’âme… tout créateur se doit à mon sens de suivre ces préceptes. C’est à cela que tient la force du partage. « On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux » nous dit Le Petit Prince. Tarantino réussit ici le pari de nous émerveiller les yeux et le coeur. Signe des grandes œuvres, il laisse une empreinte telle que son film se vit comme une déambulation féerique et se ressent tel une masterpiece déjà bien ancrée dans le paysage cinématographique mondial.
Tout dans ces presque trois heures nous dit la passion. Sa force, la pugnacité qu’elle donne… QT, nous le savons, est l’un des cinéphiles les plus précis, les plus aguerris. Il cherche, se renseigne, découvre des classiques, les voit, les revoit, les analyse… il est dans la recherche constante et ça se sent. Il est toujours dans cette recherche de la perfection. Pour preuve ici la finesse et la précision avec lesquelles il a recréé (sans fond vert !) la belle et fourmillante Hollywood de 1969.
Tout dans ce film dit l’amour du cinéma déjà, et Tarantino regarde avec les yeux pétillants de l’enfant qu’il était à l’époque un pan de l’Histoire qui bientôt se tournera. En cela, Once Upon a Time… in Hollywood est une œuvre lancinante et douce, et lyrique, nimbée de nostalgie.
Les références sont nombreuses et toutes évoquent les affinités de Tarantino. Il convient de se laisser porter et de vivre ce film, cette fable, comme une déambulation dans les rues de LA tantôt recouvertes de son soleil si doux, tantôt auréolées de ses néons multicolores qui offrent à la ville toute sa fantasmagorie. La scène durant laquelle Leo et Brad roulent à la nuit tombée dans les rues de Hollywood en est le point d’orgue et m’a arrachée une émotion réelle et puissante. C’est là toute la magie du cinéma de Quentin Tarantino, être en mesure de nous embarquer, de faire plus que seulement nous signifier les choses mais de nous les donner à vivre.
La puissance de Once Upon a Time… in Hollywood doit énormément au duo Leo DiCaprio / Brad Pitt (que je n’avais pas vu aussi bon depuis… Inglorious Basterds). La douceur qui émane de leur relation m’a profondément touchée. Brad joue sur une certaine réserve et le fait à merveille (il joue au final bien mieux que dans Inglorious). Il est en retrait, n’en fait jamais trop et parvient à purifier son jeu d’une façon que je n’avais jamais vue encore. Il gagne en profondeur et ce rôle lui sied à merveille. Il est l’atout charme de ce film qui lui rend au centuple. DiCaprio excelle (pas de surprise) et nous emmène dans le quotidien d’un acteur en perte de confiance si ce n’est de vitesse. Il est à mi chemin entre légèreté et engagement total et convie le rire.
Margot Robbie semble être la parfaite réincarnation de Sharon Tate et je garde en mémoire cette jolie scène durant laquelle elle va se voir au cinéma, cette scène qui dit l’importance du regard, du partage… de ce que l’on est capable de donner mais aussi de recevoir. Un charme fou émane de cette scène qui semble vouloir signifier à elle seule le pouvoir d’émerveillement que procure le cinéma, à tout à chacun.
La BO ajoute au film une dimension supplémentaire (comme toujours chez QT). Elle se juxtapose aux images qui défilent telle une auréole qui viendrait lustrer la pellicule. La version de California Dreamin est la plus belle jamais entendue et m’a donnée des frissons. En voilà un film qui se ressent, qui se vit.
Au final c’est bel et bien un mix parfaitement maitrisé entre émotion et énergie qui environne tout le film. J’aime que Tarantino poursuive sa réécriture de l’Histoire pour venger les victimes et punir les méchants. Plus que puéril, c’est jouissif pour le spectateur et générateur d’une force de vie assez dingue. Qui saurait s’en plaindre ? Certainement pas moi qui reconnais à Tarantino sa capacité à nous offrir un conte digne des plus belles légendes. De celles que l’on voit dans nos rêves… généralement moins bien ficelées.
Le cinéma, cette machine à rêves qui rend le monde plus beau.