Hafsia Herzi est entrée dans mon cœur en déambulant au cœur même des rues sétoises et surtout en se déhanchant habilement dans ce qui reste l’une des plus belles scènes de danse vues au cinéma. C’était en 2007 dans La graine et le mulet… Un grand souvenir de cinéma.
Depuis, j’ai toujours plaisir à la retrouver ça et là et j’aime qu’elle se fasse discrète pour que l’on ait d’elle ce sentiment de bien la connaitre tout en sachant, au fond, qu’on ignore tout de sa personnalité.
Elle se dévoile un peu plus en nous livrant son tout premier film, sans doute un peu autobiographique. Il narre l’histoire d’une jeune femme (jouée par elle même) dont le cœur est brisé à cause d’un amoureux trop volage.
Si d’un point de vue cinématographique ce premier opus est valeureux et prometteur, j’ai trouvé le film parfois mal écrit et trop foutraque.
Elle remercie Kechiche au générique de fin, une belle façon de rendre à César ce qu’elle a appris à ses côtés. Car il y a en effet des idées de cinéma dans chaque séquence et c’est là le point fort du film. Elle filme, elle aussi, à hauteur de fesses, elle filme la peau, les bouches… et c’est beau et sensuel, au sens premier du terme.
Mais le propos est trop emprunté. Je n’ai pas adhéré au ton du film. Cet enchaînement de scénettes qui compte autant de mecs, donne le sentiment de passer du coq à l’âne sans vraiment y percevoir une quelconque évolution du personnage. C’est ce qui m’a gêné.
Malgré tout le travail, indéniable, qu’elle a mis à l’ouvrage, je ne l’ai pas ressentie cette douleur, cette souffrance du manque et de la déchirure.
Reste ses yeux, les yeux de ses partenaires qui portent en eux la marque du chagrin. Et c’est là tout l’intérêt de filmer des corps, des bouches, des seins, des fesses, des jambes…pour incarner l’humain et pour filmer les sentiments. Du cinéma vivant et charnel mais avant tout le film d’une femme sensible, à fleur de peau.