Ce film est une véritable expérience de cinéma.
Imaginez une épopée de 2h filmée en (faux) plan séquence (la caméra ne fait jamais de coupe et suit l’action sans discontinuer en « 1 seul plan continu »). En vrai on sait que Sam Mendès (American Beauty mais aussi Les Noces rebelles et 007 Skyfall et Spectre) a bricolé son plan séquence et on peu s’amuser à chercher les (faux) raccords mais peu importe car l’expérience et le rendu sont époustouflants de réalisme et de puissance.
Après une courte intro qui plante le décor, celui d’une guerre débutée 3 ans plus tôt qui n’en finit pas de s’intensifier et de dépeupler le monde… Une guerre qui joue sur l’usure et semble infinie « elle durera jusqu’à ce qu’il n’y ai plus qu’un seul homme debout » dira un officier, désabusé et surtout exténué par des années de conflit inhumains.
Après une courte intro donc, on suit alors les pas de ces deux jeunes soldats (une petite vingtaine) partis en mission pour avertir un autre peloton situé à quelques encablures de là de l’importance de ne pas monter à l’assaut le lendemain matin, au risque de se faire exterminer par l’ennemi.
La réalisation est faite de sorte que nous spectateurs soyons au cœur même de l’action, dans les pas mêmes de ces deux hommes pour lesquels je me suis surprise à développer une vraie empathie. Rarement j’ai eu un tel sentiment pour des acteurs qui m’étaient alors inconnus (Leo Di Caprio que j’ai découvert dans Titanic et Tahar Rahim dans Un Prophète).
1917 est un film qui se vit, avec sa tête, son cœur et ses tripes. Il dit la réalité crue d’un monde fou, prêt à sacrifier des innocents au nom… mais au nom de quoi au juste ?
J’ai eu la chance de découvrir ce film en avant première (merci mon cher Club 300 Allociné) en présence de Sam Mendès himself qui nous a parlé avec passion de ce nouveau film, sans doute le plus personnel puisqu’il relate l’histoire de son grand père. Histoire que l’homme lui a raconté à l’aube de ses 70 ans. Il avait gardé pour lui l’histoire de cette mission, sans doute mu par un besoin de justement « tasser » cette bande de souvenirs trop fous, trop forts, trop inhumains… Et pour la première fois je crois j’ai noté l’horreur que peut représenter le fait de voir, de vivre dans sa chair les immondices de la guerre. Le terreau de haine et l’impact qu’elle peut avoir sur les esprits de jeune hommes inexpérimentés et purs et doux…
Une véritable expérience de cinéma et d’humanité. Car même nichée derrière des tas de puanteurs, de morts, de haine… la Vie, tant qu’elle est là, est plus forte que tout.
Une vraie espérance que ce film.