Tout débute par une belle journée estivale, une journée familiale passée à la plage. A l’écran, la mère, le père, l’adolescente et le petit frère.
Un semblant de joie familiale, une sorte de moment suspendu mais déjà, quelque chose se trame, l’ambiance est lourde, leurs échanges ne parviennent pas jusqu’à nos oreilles et voilà que débarque la police qui aura bientôt réussi à désunir la famille alors que la caméra se focalise sur la jeune fille qui quitte le plan familial pour l’accompagner, délicatement, vers un autre espace.
Dès lors, elle sera seule, livrée à elle même, devant répondre aux accusations qui lui sont portées, en l’occurrence celle d’avoir tué sa meilleure amie.
La fille au bracelet et un film de prétoire, un film de procès et le huis clos sied à cette affaire sombre qui nous invite à pénétrer les méandres d’une affaire sordide. Comment une jeune femme de 18 ans à peine, semble t il issue d’un milieu que l’on pourrait qualifier de privilégié peut-elle se retrouver dans une telle situation, à devoir dévoiler les détails les plus intimes de sa vie face à un jury plus que sceptique face aux preuves apportées.
L’actrice choisie pour incarner le rôle de cette adolescente est parfaite tant elle semble renfermer un sombre secret, tant elle parvient à s’enfermer, s’ostraciser presque dans une sorte de mutisme qui l’empêche, semble t-il, de partager une quelconque empathie.
Elle semble tour à tour vide, lasse, perdue. Insondable.
L’apanage de l’adolescence ?
Il y a beaucoup des méandres de cet âge d’entre deux dans ce film d’une simplicité toute relative tant il dit l’indicible. « Que savons nous de nos enfants ? Que savons nous de la vie de nos adolescents ? » questionnera l’avocate de l’accusée dans une plaidoirie courte mais d’une puissance extrême. Elle résonne encore tant elle donne toute la portée du propos du film.
Idem pour l’intervention de la mère (excellente Chiara Mastroianni qui, depuis Chambre 212 me plait beaucoup). Cette prise de parole toute en douceur acharnée. Non, sa fille n’a pas pu réaliser un tél acte, elle le sait dans sa chair, elle sait aussi que sa fille est semble t-il perdue, qu’elle a besoin de se trouver, de faire des essais, des erreurs, d’avoir des regrets peut être pour trouver sa place, sa trame de vie…
Le film est toujours sur le fil, à l’image du père (sexy, charismatique, tendre, juste et profond Roshdy Zem) perdu face à son adolescente de fille avec qui il a perdu le contact… l’apanage de la jeunesse qui réclame son indépendance.
Et alors que le film trace la ligne d’une réflexion sur l’adolescence, pointe en fond et toute en subtilité, la question du rôle et du poids de la (jeune) femme dans une société encore corsetée qui voudrait qu’elle tienne son rang sans jamais faire de vague.
La fille au bracelet dit justement la richesse et la compréhension de soi qui peut émerger d’une navigation en eaux troubles.