Non content de pouvoir se lire de gauche à droite et de droite à gauche – un bien nommé « palindrome » – ce Tenet a pour objectif de nous retourner le cerveau.
« Il ne faut pas chercher à comprendre mais il faut ressentir » nous prévient le personnage interprêté par la frenchy Clémence Poésy au début du film dans ce qui restera un petit rôle somme toute bien ficelé et bien tenu.
Le conseil est bienvenue car, comme souvent dans le cinéma « blockbusterien d’auteur » de Christopher Nolan, il n’est pas aisé de tout saisir de prime abord. Son cinéma, lancé à toute allure, demande du temps, de l’engagement et surtout, plusieurs visionages pour bien saisir tout le propos.
Il faut « sentir la chaleur », cette chaleur qui n’est autre que celle de la vie… qui brule ou qui glace le sang mais qui nous indique que nous sommes encore là. Où ? On ne le sait jamais vraiment mais nous sommes là, actifs, possiblement en proie à l’ennemi contre lequel il faut pouvoir lutter auprès de ses alliés.
Comme toujours chez Nolan, tout est (méta)physique et tout est une question de temps. Le temps passé, futur, imparfait… mais au fond, jamais trop le présent. Quoique. Mais pas vraiment car c’est surtout toujours la fuite en avant qui l’excite, qu’il filme. Et il le dit très bien via un montage calibré, toujours nerveux qui ne laisse aucun répis au spectateur, pris dans les mailles du filet de sa narration qui échappe bien souvent à tout réalisme mais nous ensère dans une mise en abime abyssale. Ici, le choix de placer son film dans une narration, dans un temps inversé ajoute du piquant et l’on sent que Nolan s’amuse comme un petit fou !
Ici, la fin du monde repose sur la mort d’un homme. Un seul homme qui se sait mourrant… Dans une course contre la montre (il aime ça Christopher Nolan les courses contre la montre, les décomptes, les bombes à retardement) le réal – sur lequel on mise pour relancer les entrées dans les salles de cinéma – nous embarque dans un monde où les objets s’ils n’ont pas encore une conscience, agissent selon la puissance de notre pensée. Métaphysique je vous disais.
Si le film ne révolutionne pas le genre, il a le mérite d’offrir un bon divertissement.
J’en attendais cependant plus du maître qui a fait de Batman le plus grand des sombres héros à mon sens. Il reprend ici ce qui fait le sel de son cinéma à savoir la musique si puissante – non pas signée Hans Zimmer cette fois car déjà engagé sur le tournage du trèèèèèèès attendu DUNE , mais tout de même crédité au générique (sans doute comme conseil), des décors réels (comme la scène de l’avion) et un duo d’acteurs complémentaires (ici John David Washington (quasiment de chaque plan, bon dans le rôle mais pas fou non plus) et Robert Patinson (qu’on a hâte de voir sous les traits d’un Batman qui s’annonce bien dark).
Tenet semble en fait découler de l’équation suivante. Ce serait Inception (du même Christopher Nolan) qui rencontrerait Irréversible (Gaspar Noé) dans un contexte de guerre mondiale sauce Dunkerque (Nolan encore).
Il n’y a rien de nouveau, un petit goût de déja vu… Oh wait, serions-nous dans le présent d’un passé déjà révolu qui nous rabat les cartes de souvenirs incrustés dans notre rétine et notre cerveau ? Nolan veut nous dire que le présent ne serait en fait que le résultat d’actions futures pas encore établies. D’où ce besoin constant d’être sur le qui vive pour parvenir à déjouer le pire. Le propre de nos sociétés malades du terrorisme et autres pandémies capables de stopper le monde en un claquement de doigt.
Sacré Nolan qui cherche sans cesse une issue à son questionnement incessant sur le temps… Celui d’hier et de demain… Ce temps qui nous laisse exangue de tout et nous oblige à une course folle.
Alors, redite ou nouvel élan ? A vous de vous faire votre avis. Allez donc en salle dès ce mercredi 26 août.