Du polar musclé au film de guerre il n’y a qu’un pas. Et ce Bac Nord (qu’on attendait tout de même depuis plus d’un an) est de ceux là.
Rythme effréné, scènes d’assaut et autres courses poursuites endiablées, c’est peu dire que ce film – et sa réalisation – sont testostéronés. Sont-ils quali pour autant ? Je n’en suis pas certaine.
Bac Nord fait grand bruit, déjà parcequ’il était attendu (sa sortie a été maintes fois reportée à cause de la situation sanitaire), et parce que son casting est attrayant. Sa projection à Cannes (hors compétition) n’a fait que renforcer la hype autour du film. Les avis sont quasi tous positifs si ce n’est dithyrambiques et mes réserves sont nombreuses.
Ce serait mentir que de dire que j’ai subi le film, j’ai même passé un agréable moment de cinéma. Les scènes de courses poursuite / de voitures sont bien filmées, le rythme est haletant mais je me demande malgré tout ce qu’il reste du film une fois ce dernier terminé.
Si Bac Nord est une bonne radiographie de ce que sont les quartiers nords de Marseille, il est surtout une sorte de pamphlet pro flics qui ne dit pas son nom. C’est un parti pris, celui du réal soit. Ce qui me gène quelque peu c’est la vacuité du propos. On parle ici d’une fiction portant à l’écran les faits réels d’une affaire en cours. C’est génant et un peu léger.
Et puis le tout est bourrin ! J’entends qu’il n’est pas opportun de mettre de la délicatesse dans toutes les oeuvres mais une once de finesse n’aurait ni affaibli le propos, ni gêné le récit. Il suffit de prendre exemple sur le sublime et tellement puissant Les Misérables qui a parfaitement su s’enquérir de cette subtilité bienvenue.
Les acteurs font le job mais ne m’ont pas non plus transcendés de leur présence ni de leur prestance. Entre accent marseillais et tendances beauf, ils sont dans le rôle sans pour autant véritablement apporter quelque chose de fort au propos.
Reste cette scène, la meilleure du film, qui dit et montre tout du propos.
Le trio de flics prend en flagrant déli un jeune mineur en train de casser la vitre d’une voiture, ils l’embarquent sans sourciller. Le jeune alors placé à l’arrière du véhicule aux côtés d’un des policiers, hurle, insulte, crie toute la haine qu’il a contre la vie et le monde ! Et puis, fatigués et soulés de ces cris incessants, le flic au volant met de la musique et tous se mettent à chanter en coeur (du gros rap marsellais mais oui, ça aussi ça peut se chanter en coeur) et ce moment, cet instant dit tout de l’ancrage qui est celui des policiers et des jeunes de cité qui se font face, mais qui, aussi, se serrent la main.
Tous dans le même panier. Tous dans la même galère. Mais tous ensemble.