Nul besoin de préciser qu’avoir un « frère binôme » est un plus dans le milieu du cinéma. Ce ne sont ni les Frères Dardenne, ni les Coen, ni les Larrieu qui nous diront le contraire. Les Larrieu justement, parlons-en. Ils sont en haut de l’affiche actuellement avec leur thriller adapté du roman de Philippe Djian : L’amour est un crime parfait.
Les Larrieu dont je ne connais pas toute la filmographie sont les maîtres de l’ambiance. Ils savent créer une atmosphère comme il n’en n’existe nulle part ailleurs (je me souviens encore de celle, étrange, presque étouffante et digne des « derniers jours du monde »). Celle de l’amour est un crime parfait est tout aussi spéciale, tendue malgré le calme qui semble régner sur ces montagnes (le cadre du film), étouffante malgré l’espace majestueux offert par ces mêmes massifs alpins. C’est là toute l’ambiguïté du cinéma des Larrieu. Il savent se jouer des codes du cinéma, des codes de la vie, des codes des relations humaines pour nous livrer des œuvres « spéciales » dont l’ambiance nous transporte.
Quatre acteurs magistraux (bémol tout de même pour Maiwenn contre qui je n’ai rien, mais je n’ai juste aucun coup de coeur) se donnent la réplique dans ce film : Matthieu Amalric, Denis Podalydes, Karin Viard, Sara Forestier et Maiwenn donc. Autant dire que la balle rebondit de façon plus que limpide entre eux.
Matthieu Amalric est plus ambigu que jamais dans le rôle du prof de lettre sexy et charmeur. Charmeur certes il l’est. Il est en fait le prof que l’on aurait toutes aimé avoir. Ce n’est pas tant le cas pour l’université qui sert d’autre décor au film. Un lieu très « ouvert » et lumineux, moderne à souhait mais qui ne dégage aucun charme si ce n’est celui, malsain, de la manipulation et de la débauche. Personnellement, je n’y aurais pas mis un pied !
Dans ce film il est également question d’un certaine Barbara qui a disparu. Là, débute le thriller qui nous mène au cœur d’une enquête policière qui mêlera soupçon de meurtre, relations incestueuses (excellente Karin Viard que j’aime, définitivement, énormément voir à l’écran), crises de somnambulisme, amourettes, petites et grandes manipulations et tromperies.
Ce film tient clairement sur la qualité de jeu de ses acteurs, sur celle de son scénario bien maitrisé, sur l’atmosphère créée par les réalisateurs et sur le choix de la musique, cette musique qui joue un rôle clé, majeur. J’entends souvent les gens qui m’entourent dire qu’ils attendent du cinéma qu’il les transporte. Je pense personnellement que le cinéma remplit son rôle lorsqu’il parvient à nous faire perdre les pédales en nous emmenant dans des univers dérangeants comme c’est le cas ici.