Cette femme là est du genre coriace. Tout son corps parle pour elle. Il est mince, tendu, nerveux. A son image. Et c’est Marina Fois qui incarne cette veuve d’un flic de 20 ans son aîné qui n’hésitait pas à lui flanquer quelques baffes. La dureté de la vie.
Elle est auxiliaire de vie auprès de personnes âgées et vit à Calais, non loin de la désormais fameuse « Jungle de migrants ». Tout autour d’elle dit la hargne, le repli malgré les grandes tablées amicales du dimanche. Les idées rances du Front National pullulent.
C’est ce contexte que met d’abord en scène Jérémie Elkaim qui réalise ici son premier film, tendre, vif et percutant.
Jusqu’à la rupture de ton. Jusqu’au mystère de cette rencontre qui bouscule tout. Des idées aux certitudes de Béatrice. De ces limites à ses envies enfouies.
Et c’est là que le réal excelle. A dire, et montrer, la chimie, l’attirance inexplicable qui foudroie deux êtres.
Il filme avec douceur et puissance le plaisir féminin, le corps qui frissonne et l’union de deux entités physiques et humaines.
Il est toujours à la lisière sans jamais aller trop loin ni dans le propos ni dans ce qu’il montre et ça n’en est que plus fort.
Seul bémol pour la fin qui justement franchit ce mur et est trop appuyée. Béatrice : une femme consumée oui, Béatrice en Mater dolorosa, moins.
Reste le regard de Béatrice, juste et puisant, dans lequel on se plonge et qui dit le chemin d’une femme vers la libération de son corps et de son esprit.