Il revient de loin ce cher Batman. Il en a vu et c’est pourquoi il se veut l’incarnation même de « la vengeance ».
« I’m vengeance ».
Le meurtre de son père, son âme philanthropique, son rôle de sauveur de Gotham… On connait tout ça et avec, son appétit de venir en aide aux opprimés. Et jusque là ça fonctionnait à 100% chez moi. Moi justement, pas du tout entichée de l’univers des super héros, ai créé un sentiment fort pour cette chauve souris peu loquace aux principes humains (pas d’arme, pas de meurtre gratuit.)
La joie était grande – après la trilogie (celle de Nolan bien évidemment) qui s’était terminée en apothéose – de retrouver The Batman, dans une peau nouvelle, celle de Robert Patinson.
Et je ne m’épancherai pas car le job il le fait, et plutôt bien, ce n’est pas à ce niveau là que le bas blesse. Ceci étant dit, au niveau de Batman pas grand chose à dire, mais quid de ce Bruce Wayne grunge qui va en rave ? Je dois admettre ici un petit côté réac’ car je préfère le Batman en costume de Christian Bale.
Mais on ne fait pas un film uniquement avec des références. Ca ne tient pas.
Ici, on a dépassé la volonté même de faire un film noir. Un film noir n’est pas forcément un film durant lequel il pleut à chaque scène, durant lequel on se frappe à chaque scène, durant lequel on se méfie, on se menace… à chaque scène. Ca n’a aucun sens. J’ai trouvé le tout d’une lourdeur totale et très prenante.
Par ailleurs, vouloir faire un film Fincherien est une chose, une idée alléchante de surcroit. Baser son film quasi uniquement sur des références à un seul film – en l’occurence Seven est une mauvaise idée. Le film Seven existe déjà et il est quasiment parfait, on ne le rendra pas meilleur et on n’y rendra pas hommage en tentant de le copier à chaque scène. Ca ne tient pas !
Parlons également de la photographie. Belle, certes. Ce serait ridicule et provocant que de dire et penser le contraire. Mais cette colorimétrie rouge et noire m’est sortie par les yeux, sans doute au bout d’une heure de film déjà (et il en compte 3). Un peu de variation aurait été bienvenue, une once de rupture de ton peut-être.
Reste Catwoman qui brille de mille feu dans sa combinaison noire. Zoé Kravitz lui donne vie avec une vraie puissance et une finesse véritable. Sa façon de se mouvoir, de parler… font d’elle, et sans aucun doute, le personnage le plus intéressant et inspirant. Paul Dano, le méchant que j’attendais tant, tente de se singulariser mais n’y parvient pas et nous donne par moment à voir une resucée de Bane qui forcément tombe à plat… C’est assez malhabile et gênant. Impossible de surpasser l’interprétation magistrale de Tom Hardy dans TDKR. Im po ssi ble.
Et puis cette scène finale de sauvetage des eaux totalement empreinte à l’imaginaire biblique où Moise écarta les eaux pour sortir le peuple d’Egypte. Totalement épique, totalement cinématographique… Totalement puritaine.
Et voilà que Batman est pris d une révélation. La vengeance, c’est bien mais l’amour c’est mieux. Car le monde a besoin de bienveillance. Certes !
Franchement Hollywood : wake up! Le cinéma est un art mouvant, le public mérite mieux que ces schéma vus et revus. Un peu de nouveauté, une once de prise de risque… Ca n’en sera que plus fort.