Gabriel Garcia Marquez a écrit « La vie ce n’est pas ce qu’on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s’en souvient »
Cette citation extraite d’une de ses oeuvres est pour moi l’essence même du film dont je vous parle aujourd’hui. Il y est question de souvenirs, de ce que la mémoire nous laisse. Et il y a également ce questionnement sous jacent : est-ce que la nostalgie, une vie portée vers le passé peut nous faire du bien ?
Le film retrace un grand pan de la vie de cette femme, Joan donc, incarnée par Isabelle Huppert. Depuis ce jour où elle rencontra sur un quai de gare l’homme qui allait compter le plus au monde pour elle, Doug.
Tous deux allaient alors vivre une histoire d’amour très forte, très prenante. De ces histoires qui vous hantent toute une vie durant. Une passion en somme.
Et puis les aléas de la vie sont passés par là et c’est alors un tout autre chemin que celui d’un amour vécu à deux que les amants ont connu. Chacun a fait sa vie de son côté… Elle élevant seule un enfant, lui se mariant à une femme qu’il aimait à peine mais en qui il reconnaissait sans doute une certaine forme de maternité, de calme… Celle avec qui il pourrait vivre une vie cadrée et paisible.
Et il y a tous ces personnages périphériques qui apportent tant au film. Le nouvel amant, un écrivain alcoolique pour qui la vie ne peut être vécu qu’en frôlant la mort à chaque instant… Ce fils tant aimé qui lui « apprit à vivre » et cette mère partie vivre sa vie au Japon abandonnant au passage mari et enfant.
Joan porte tout cela sur ses épaules, et elle se souvient. Elle se souvient et nous raconte, alors qu’elle se trouve au volant de sa voiture en route pour un périple qui la rapprochera (enfin ?) de son enfance, de ses bases.
Ce film, romanesque en tous points est une ode au souvenir. Il est tendre et doux, comme il est par moment aride et douloureux.
Il dit un chemin de vie. De ces chemins qui parfois nous emmènent loin ou nous laissent au point mort – croit-on – pour en fait mieux rebondir et repartir ensuite. Isabelle Huppert irradie et donne toute sa lumière à cette femme meurtrie qui stagne dans une lueur de souvenirs pour finalement, grâce à la présence foutraque d’un homme débordé lui aussi par ses sentiments, ses peurs et ses chagrins, reprendre un chemin. Celui de la vie. Une vie qui cogne, car elle cognera toujours, mais une vie qui fait avancer, une vie porteuse de projets, d’espoirs, de lendemains possiblement chantants.
Pour ne plus jamais rester ni en retrait, ni à l’arrêt. Car la vie est ce qu’il se passe maintenant, dans l’instant.
Car il faut vivre, peu importe la façon, ce n’est pas ce qui compte. Il n’y a pas de méthode. Si ce n’est vivre vraiment. Notre mémoire emmagasine tout pour faire rejaillir les souvenirs selon nos émotions, notre sensibilité, notre histoire. Celle de Joan en est une parmi des milliards. Nous avons chacun la notre et nous avons/aurons chacun nos souvenirs.