« T’es pas seule, il y aura toujours ton fantôme ».
Cette phrase dite par Bastien à son amie Chloé triste, en proie à une crise de doute, est je pense la réplique phare de ce film, le premier long signé Charlotte Le Bon.
Surfant sur le genre de la chronique estivale sentimentale pour signifier le trouble de l’âge adolescent, il dit tout – et si subtilement – de cet âge qui est un âge des grandes découvertes. Il dit les hésitations, les regards à la fois si volontaires et hésitants.
Ce qui nous marque déjà c’est cette nature, partout alentour, et ce silence envahi des bruits de la nature. Ce décor auditif illustre le vacarme si doux des chaudes nuits estivales. J’ai tant aimé cet univers vivace et vivant qui donne au film une envergure si ce n’est un cadre parfaitement illustrateur de ce qu’est l’adolescence : cette douceur de vivre soudain empêtrée d’une sorte de tapage extérieur.
Ce chahut est ici signifié par une présence fantomatique qui hanterait un lac… Ces grandes profondeurs qui revêtent tant de secrets et de mystère, dans lesquelles on pourrait se noyer mais qui provoquent un sentiment de bien être et de plénitude si grand lorsqu’elles bien appréhendées… Ne serait-ce pas là l’une des plus belles métaphores de cet âge de passage qu’est l’adolescence.
Le film tisse le récit de cette rencontre entre Bastien donc, 14 ans et Chloé un peu plus âgée puisqu’elle a 16 ans. A cette âge, il s’en passe des choses en 2 ans, les repères, les références ne sont pas les mêmes. Et c’est sur cette différence de repères justement que se joue le film.
Et sur la relation qui va s’établir entre les deux jeunes adolescents. Chacune de leurs discussions, soirées, virées au lac sont autant de rites initiatiques pour Bastien qui vit tout cela avec une naïveté et une pureté sublimes ; mais aussi pour Chloé qui avait tant besoin d’un regard porté sur elle… pour s’ouvrir au monde qui l’entoure et vivre véritablement.
Falcon lake dit ainsi toute la puissance de l’adolescence. Jamais simplement en surface mais bel et bien avec la profondeur nécessaire.
L’enfant qui est en nous, cet éternel fantôme avec lequel nous n’avons de cesse de cohabiter.