J’ai d’abord eu peur de la frustration en entendant que le nouveau Almodovar ne durait que 30 minutes. Mais quelle idée ! Ce réal chevronné nous laissait alors avec un « simple » court métrage.
Mais quelle ne fut pas mon plaisir lorsque j’ai su que quelques uns de mes cinémas parisiens préférés diffusaient alors une séance d’une heure appelée « L’expérience Almodovar ». Il ne m’en fallait pas plus pour relancer ma curiosité.
Après m’être assise confortablement dans mon siège, c’est en anglais que j’entends parler – intriguant pour un film signé Pedro – et des images d’un cadre et d’une beauté parfaites (forcément, nous sommes chez Almodovar) qui s’offrent à moi.
Pedro Pascal (qui a fait grand bruit à Cannes en mai dernier) fait alors face à Ethan Hawke dans un duel westernien à la fois violent et langoureux. Un western revisité à la sauce Almodovar.
Le grand Pedro nous offre à voir le beau spectacle de la tendresse qui vient après les effluves de l’amour passionnel et les esclandres qui en résultent.
C’est d’une délicatesse sans nom !
Que j’aime son cinéma taillé sur mesure, parfaitement maitrisé qui laisse place tout à la fois à la volupté et à une subtile vision alternative de la vie amoureuse. C’est en cela qu’il me plait tant.
Rien n’est jamais normé chez lui. Tout est dans la nuance. Cette fameuse nuance qui fait toute la force de ce qu’il dit et montre.
Jamais chez Almodovar cette binarité, qui semble alors si vulgaire, mais cette façon de dire la vie, l’amour, les relations par le prisme de toutes nos maladresses. Il rend nos errements, nos erreurs, nos hésitations alors si pures.
Je l’aime tant !
Et quelle drôle de sensation une fois le générique de fin terminé, de savoir que la suite arrive.
L’autre court de Pedro Almodovar cette fois présenté il y a quelques années désormais à Venise, mettant en scène la grande Tilda Swinton, débute.
Il est librement adapté d’une pièce de Jean Cocteau dont j´ignorais tout.
Je vous passerai la côte visuel, tout bonnement époustouflant, comme toujours chez Pedro. Cette explosion de rouges, de verts, de toutes ces couleurs vives qui habillent l’espace. Ces matières et ses tenues (celle que Tilda porte a la fin est démentielle). Et puis ces cadres. Il a le don d’embellir la vie qu’il filme.
Tilda, jamais en manque de charisme est ici encore plus magnifiée. Ces 30 minutes quasi seule en scène lui offrent la possibilité de déployer tout son talent. Un écrin pour ce qu’elle dégage d’à la fois subtile et intriguant.
Elle irradie dans le rôle de cette femme meurtrie car quittée pour une autre par l’homme qu’elle aime et à qui elle parle ici pour la dernière fois au téléphone.
Elle passera alors par de nombreuses émotions et la palette est grande ! Pour dire tout à la fois les tourments et la force indicible qui habite chacune d’entre nous.
La voir (dans cette tenue que je qualifiais de démentielle) se lever et marcher habilement, fièrement et avec confiance vers la suite de son aventure de vie est la scène la plus puissante que j’ai eue à voir ces derniers temps.
Le puissant regard plein d’amour et de confiance de Pedro pour les femmes est régénéré à chaque film.