Sylvie vit ici sous les traits d’une Virginie Efira aux traits tirés. Elle est pleine de vie mais l’on sent qu’elle se débat. Elle travaille de nuit dans un bar et élève seule ses deux enfants dont l’un est un jeune homme et l’autre encore un enfant.
Ensemble, ils forment une famille très soudée à laquelle il manque peut être une certaine forme d’équilibre. Si tant est qu’il soit possible de toujours trouver cet équilibre. C’est ce que dit le film.
Il est possible d’aimer, mais de ne pas pouvoir protéger comme il faut. D’être en mesure de subvenir à tous les besoins matériels et physiques d’un enfant – mais de ne pas l’aimer convenablement. Toutes les formes de parentalité, d’éducation… existent. Il n’y en a pas une qui soit meilleure qu’une autre. Il incombe à chaque parent de faire de son mieux.
Une nuit, Sofiane se blesse grièvement alors qu’il est seul à la maison. Un signalement entraine alors le placement de l’enfant et c’est le début d’une lutte contre la machine administrative et judiciaire française qui malheureusement ne fait pas dans le cas par cas.
Si le film est dense, c’est pour mieux illustrer les diverses facettes de la vie de cette famille.
Je suis passée par diverses émotions, fortes et parfois contradictoires. Comment est-il seulement possible de retirer la garde à cette mère pleine d’amour et d’intérêt pour ses enfants ?
Suffit-il alors d’un seul moment de tension ou d’inattention pour que la justice s’en mêle ?
A quel prix peut-on alors protéger un enfant ?
Le sujet n’entraine pas de réponse toute faite. Il demande une extrême prudence et mériterait, comme je l’évoquais en début d’article, de mesure les choses au cas par cas. Chose impossible lorsqu’il est question de convoquer l’administration française.
Virginie Efira est à nouveau impériale dans le rôle de cette mère fatiguée et dépassée par les événements mais prête à se battre comme une lionne pour ses enfants.
Elle vit et porte en elle cette rage, cette puissance d’amour. Pas de fioriture, pas de réflexion poussée, Sylvie est de celles qui vivent au jour le jour, sans véritablement penser à demain, sans pour autant se laisser vivoter, elle subit en partie les réalités du déterminisme social qui la forcent à garder son rang, à rester à sa place en fait.
Elle forme avec ses deux enfants, dont l’un est interprété par Felix Lefebvre que j’ai découvert dans Ete 85 de Ozon, un trio qui s’épaule quoi qu’il en coute. Le grand tient parfois un ersatz de rôle parental paternel, à un moment de sa vie où il se trouve à la première croisée des chemins : celle du choix de son futur métier.
Le film est alors tout à la fois tendre et âpre. Il fait mal par endroit mais prouve que l’amour résiste à tout.