Avant le début de la promo du film, je ne connaissais rien de cette étape pourtant clé de l’Histoire de France. C’est justement pour rétablir cela (car je suis loin d’être la seule semble t-il) que le réalisateur et le producteur ont choisi de porter à l’écran cette Marche.
Dites vous que j’ai dû laisser passer 48 heures avant de commencer à écrire un seul mot sur ce film. Ecrire aussitôt après la séance aurait donné lieu à un post larmoyant au possible tant j’ai eu du mal à sortir du film. Film qui résonne aujourd’hui encore en moi, fortement.
Malgré quelques « chocs » cinématographiques récents, voilà bien longtemps que je n’avais pas été « prise » par un film à ce point.
Au delà du film en lui même sur lequel je ne m’attarderai pas – juste le temps de vous dire qu’il est réussi, qu’il y a une vraie mise en scène, que le tout est rythmé alors que l’on suit le parcours de quelques jeunes partis sur les routes de France et que cela aurait pu tourner au mauvais téléfilm un peu chiant – c’est surtout sur le fond qu’il est intéressant de s’attarder.
Mon ressenti s’est fait en deux temps et je trouve intéressant de partager cela avec vous.
D’abord littéralement happée par ce récit, par la volonté de ces jeunes de changer les choses et d’aller à a découverte de la vie car oui, La Marche c’est cela avant tout : des jeunes cloitrés entre les quatres murs de leur cité qui décident d’aller au devant de ces français qui ne les considèrent pas, qui ne les comprennent pas et pire encore, qui ne les acceptent pas. (si vous ne connaissez pas cet épisode de l’Histoire de France, je vous invite vraiment à cliquer sur le lien que j’ai inséré en tout début d’article, ndlr)
Sans en rajouter, vraiment, c’est déjà cela qui m’a profondément touchée : voir ces jeunes aller au devant de leur vie, s’avancer sur les routes, vers leur avenir, prendre les devants avec la volonté de changer les choses et d’apporter leur pierre à l’édifice.
Vient ensuite le périple en lui même et les difficultés, les immondismes rencontrés… Et là : le choc. Je prends conscience que ce que je vois sur l’écran est toujours d’actualité 30 ans plus tard. Dans ma société à moi, dans ma vie à moi, dans mon 21ème siècle à moi : il y a encore des gens qui, parce qu’ils se croient « mieux nés » se permettent – au mieux – de porter des jugements sur d’autres personnes – au pire – de porter atteinte à leur dignité ou de les meurtrir physiquement.
Oui, nous en sommes toujours là… Les récents événements concernant notre Ministre Christiane Taubira le prouvent, la montée en puissance du parti frontiste également, la stigmatisation de certaines personnes aussi… La haine est là, au coeur de notre quotidien et ça me fait franchement mal de la voir, là, en grand sur l’écran.
Comment a t-on pu en arriver là ? Comment a t-on pu laisser la haine envahir nos rues, nos villes, notre pays ?
On parle désormais de « racisme décomplexé »… rien que l’expression me glace le sang. Mais cela ne semble pas choquer grand monde. Chacun poursuit sa route, de son côté, dans son coin comme recroquevillé.
Puis le moment du débat arrive, l’équipe du film nous rejoint à l’issue de la projection et là, toute cette émulation me permet de voir les choses autrement, sous un autre angle.
C’est vraiment la preuve que seul l’échange peut nous ammener vers « autre chose », nous permettre de voir les choses différemment, de nous nourrir de la pensée et de la réflexion des autres. C’est cela la richesse. Sans pour autant perdre nos propres idées, nos opinions et notre façon de voir les choses, il nous est possible de nous enrichir de celles des autres.
Certaines remarques résonnent plus que d’autres et me permettent de croire qu’il reste de l’espoir et que SURTOUT il faut toujours parvenir à se sortir de ce misérabilisme et de ce pessimisme ambiants qui sont toxiques et inutiles. Se plaindre, geindre ou même avoir peur ne feront jamais avancer les choses.
La fin de cette soirée sonne, l’échange se termine et une pensée, une seule, me reste en tête : seule la fraternité nous sauvera. C’est terriblement cliché et j’ai conscience que ça sonne très « phrase toute faite » mais j’insiste car j’en suis convaincue : seule la fraternité nous sauvera.
Nous serons toujours différents les uns des autres : petits, grands, gros, maigres, bruns, blonds, noirs, blancs, moches, beaux, bigleux et j’en passe…
Il y aura toujours quelqu’un de différent sur notre route. Je pense vraiment que le but est, si ce n’est d’aller vers lui, tout au moins de le considérer, de le respecter.
Marchons ensemble, on a une sacrée route à faire.
Ce mardi 30 octobre, la Fondation ENAR (European Network Against Racism), célébrant ceux et celles qui contribuent à une Europe plus diverse, plus égale et plus solidaire, a récompensé le film LA MARCHE pour son engagement contre le racisme.