J’écoutais il y a quelques jours Jacques Audiard au micro de France Inter. Il revenait sur le succès (tellement mérité) de son Emilia Perez. Et alors qu’il était interrogé sur la création de son prochain film, il a eu cette phrase que j’ai trouvée d’une intelligence rare : « je réfléchis, je me demande où le cinéma serait encore pertinent ». De la volonté de livrer une oeuvre qui fait sens. Une oeuvre qui apporte si ce n’est des réponses, évoque un sujet réel, montre une vérité, dit des choses sur le monde qui nous entoure, fait briller l’humain…
Je trouve cette approche louable, et respectueuse du public visé par l’oeuvre. Rien de commercial dans cette approche, simplement la volonté de créer une oeuvre qui nourrisse – de quelque manière que ce soit – le spectateur.
« Un sujet , un cadre, un plan » disait à sa façon Louis Lumière… Avec, là aussi, chevillée au corps, la volonté d’offrir au public une oeuvre qui compte, et qui suscite de l’intérêt.
Rien de tout cela dans le nouveau film de Steven Soderbergh The insider (que je respecte par ailleurs énormément notamment pour sa palme d’or obtenue alors qu’il était très jeune Sexe, mensonges et vidéo).
Un scénario (qui n’est pas de lui) déjà vu (Mr&Mrs Smith nous suffisait en fait) et une réalisation poussive. Certes, visuellement c’est joli et bien éclairé mais je n’ai vu aucun intérêt à cette histoire de couple embourgeoisé et autocentré.
Au secours ! Tout est tellement froid et désincarné ! Où est l’idée même du cinéma ici ? Le cinéma dont le but est justement de filmer la vie et ce, même si les personnages sont froids et taiseux.
Rien chez eux ne me donne envie. Et gosh que j’aime Fassbender, mais cette incarnation de l’espion secret sexy et impénétrable… C’est d’un autre siècle !
Sous couvert de vouloir faire de ce film une réflexion sur le couple et sur la confiance au sein du couple, rien ne me dit ici leur amour, le respect qu’ils ont l’un pour l’autre… Rien ne me dit non plus l’intérêt qu’ils ont pour leur métier. Le tout est incrusté sur papier glacé et c’est d’une platitude sans nom.