Liberace fût, semble t-il, un homme comme il en existe peu. Inconnu au bataillon en France, il était adoré de toute une partie de la population américaine des fifties aux seventies.
C’est vraiment poussée par la curiosité que je suis allée voir ce film. D’abord intriguée par ce film « jugé trop gay » par Hollywood (certes il est gay) puis par les critiques quasi dithyrambiques qui émanaient des plus grands Festivals au Monde (Cannes, Deauville…) et enfin par ce réal et ces acteurs que j’aime beaucoup (surtout Matt Damon), j’ai réalisé que je devais faire fi de mes à prioris et découvrir ce qui est d’ailleurs présenté comme étant le dernier film de Soderbergh.
A l’arrivée, je peux vous dire que j’en ai pris plein les yeux ! Si j’ai fait une overdose de bling, de rose, de fourrures, de bains moussants, de champ’, d’or et de diams, je peux vous dire que j’ai surtout pris une leçon de cinéma.
Jamais le réal ne se perd dans son propos. Même s’il nous fait rire (oui le film est souvent comique), jamais nous ne rions dans le but de nous moquer du duo, nous rions avec eux et c’est là toute la différence.
J’ai vu des films où les acteurs étaient bien moins grimés qu’ici et devant lesquels je ne pouvais réprimer un sourire ou une gène. Nulle moment ici où cette idée m’a traversé l’esprit et Dieu sait que les occasions étaient grandes. Voir Michael Douglas, sans doute l’un des acteurs US ayant joué les rôles les plus machos de l’histoire du cinéma, tout en moumoute, en pantoufle et en bagouzes pouvait tout de même porter à confusion et aurait pu très mal tourner ! C’était sans compter sur son talent car oui, même si je n’ai jamais été particulièrement fan de cet acteur, là je dois reconnaitre sa capacité à s’être fondu dans la peau de ce personnage inimitable, avec brio.
Enfin, si le choix du titre français s’est porté sur Ma vie avec Liberace (le titre original étant « Liberace » tout court ou « Behind the Candelabra ») c’est bien pour une raison. Le vrai focus a été mis sur cet homme qui passa sa vie aux côtés de Liberace : Scott. Interprété / incarné je ne sais quel terme est le plus approprié par un Matt Damon au sommet de son art.
J’avais quitté Matt Damon, à mon retour de vacances, en mode « homme bionic » dans Elysium et je le retrouve ici en mec queer bodybuildé, lifté, cocainé, amphétaminé et tout de bling vêtu sans pour autant que cela ne vienne entacher sa crédibilité. Au contraire, jamais je n’avais senti une telle sensibilité dans aucun de ses rôles précédents. Il excelle dans la peau de cet homme dévoué, soumis et amoureux. Il m’a fait verser une larme, moi qui pensais me moquer, me marrer du début à la fin !
Avec ce film, Steven Soderbergh vient nous rappeler qu’il a un don pour évoquer le quotidien de personnes évoluant dans des milieux « spéciaux » (je pense notamment à Magic Mike et à l’univers du striptease). Jamais il ne juge ses personnages et la vie qu’ils mènent et encore moins les choix qui sont les leurs. il tente de valoriser leur supplément d’âme en les montrant tels qu’ils sont avec leurs forces, leurs fêlures et leurs manquements. Et c’est justement là où il marque des points. Car cette vérité nous touche au coeur.
C’est ainsi que Liberace, n’a pour but unique que de vivre sa vie, sa vie telle elle est (il a toujours voulu cacher à ses fans son homosexualité de peur de perdre son public mais la vivait au grand jour dans son quotidien).
« People see what they want to see » dira t-il à Scott. Cette phrase pourrait être à elle seule l’hyme de ce film tout entier, l’hymne de cette Amérique puritaine et enfin, l’hymne de notre Monde : on ne peut être soi-même que lorsque l’on s’accepte avec ses manquements et ses forces… et surtout, on ne peut être soi-même si l’on ne parvient pas à faire fi de ce que pourra penser notre voisin.
Une sacrée bonne leçon de ciné je disais, une sacrée bonne leçon de vie je dirais enfin… Comme quoi, il faut toujours se méfier des préjugés…
Show time!