Lucie est fragilisée par le suicide de son compagnon de vie et de travail, puisqu’il était, tout comme elle, fonctionnaire de police.
Elle vit depuis son départ avec le souvenir de cet homme, le seul qu’elle ai jamais aimé, et qui vient la visiter la nuit tombée. Elle suit un traitement et a fait un séjour en HP ce qui embête sa hiérarchie lorsqu’elle demande à prolonger son contrat.
Mais elle semble avoir toujours mené à bien ses missions, cette demande ne peut alors lui être refusée.
C’est Isabelle Huppert qui endosse le rôle de cette femme meurtrie mais droite et debout qui trouve son salut dans la cuisine et le jardinage.
Sa façon de courir en dit long : elle est raide comme un piquet et fine comme un fil de laine… Mais elle tient droit, elle tient son cap.
Elle rencontre un beau jour ses nouveaux voisins, un jeune couple ayant une petite fille de 10 ans dont la dernière tend à fuguer de temps en temps, ou du moins à s’éloigner de la vigilance de ses parents et ce, contre l’accord de sa mère forcément inquiète.
Son père, lui, semble plus laxiste en lui laissant entendre que ses désobéissances sont un signe de force d’esprit. A l’entendre, la rebellion a du bon.
Tous les 4 font vite connaissance et si Lucie cache sa véritable profession, Julia – elle même professeur des écoles – s’épanche sur les penchants quelque peu rebelles de son compagnon Yann, en désaccord avec les institutions de la société. Il fait partie du mouvement Black Block et a déscolarisé sa fille pour la tenir éloignée des penchants néfastes de la société.
L’amitié s’instaure peu à peu au sein du quatuor et très vite Lucie en vient à délaisser sa propre famille, dont son neveu qu’elle aime énormément, pour passer de plus en plus de temps avec ce couple et leur fille Rose, la fille du couple, qu’elle accompagne dans ses activités sportives et à qui elle « fait la classe ».
Le film dit cette capacité humaine à « se dédoubler » comme le dit Lucie dans le film, cette capacité humaine à sortir de la binarité dans laquelle la société voudrait nous enfermer et qui voudrait que nous ne côtoyons que des gens qui nous ressemblent. Flics avec flics, artistes avec artistes… Fort heureusement l’Homme est bien plus agile et fin que cela ! Et tend à se dédouaner de ces injonctions stériles. Parfois, avec pertes et fracas.
C’est l’expérience que va faire Lucie, non sans en tirer de grandes leçons de vie et surtout, la renaissance qu’elle n’espérait plus.
Car enfin, elle vit pleinement ces relations nouvelles, ces échanges, ces moments de partage, sans jamais renier celle qu’elle est foncièrement, mais en sachant s’ouvrir à l’autre, qui est différent. Sa vie retrouve alors un sens et avec lui la possibilité de suivre son chemin. Non pas celui tout tracé auquel elle pensait, mais un chemin de traverse débroussaillé par ces rencontres fortuites et tellement enrichissantes.
On a tant à gagner à s’ouvrir à l’Autre.