Me voilà de retour à Paris. Retour à la normale et éclatement de cette bulle cannoise au sein de laquelle je me suis, une fois de plus, sentie tellement bien.
Le temps du palmarès est même passé, les trending topics liés à l’actu cannoise sont déjà oubliés… Il est donc grand temps de réveiller un peu l’esprit festivalier et surtout cinématographique !
J’ai partagé avec vous mon épopée, en temps réel et « à chaud » et j’aime définitivement cette réaction à l’actu, ce partage « dans l’urgence » qui permet, sans filtre, de donner libre court à son ressenti.
Cela dit, j’ai aussi (mon côté double face gémeaux sans doute) beaucoup de plaisir à prendre du recul sur les choses, revenir sur ce qu’ai vécu à posteriori, histoire de voir ce que je garde de tous ces films visionnés, de tous ces échanges, ces temps forts.
Mon palmarès reste le même !
En haut de la pile, ce film allemand de la jeune Maren Ade qui m’a éblouit par sa maîtrise de l’émotion et du rire.
Viens ensuite le très « rock » American Honey et son irrésistible force de vie.
Et puis Juste la fin du monde, juste le 6ème film du jeune (ça l’énerve qu’on lui dise ça) et prolifique Xavier Dolan. Dolan j’adore le détester car disons le, il nous énerve et nous complexe un peu mais j’aime rester objective et force est de constater qu’il sait ce qu’il fait, qu’il touche sa bille en cinéma et qu’il nous propose, à chaque fois, une oeuvre forte de sens et de vie.
Mais je dois vous dire aussi que ce qu’il me reste / me revient en mémoire ce sont des musiques. Étonnant comme le cerveau imbibe certaines choses dont on n’a pas forcément conscience sur le coup.
Toujours est-il que l’autre atout du cinéma est la musique. Et là clairement, j’ai eu accès à des pépites. Me reste en mémoire la musique, sublime, du générique de fin du Mademoiselle de Park Chan Wook (dont je n’ai pas encore trouvé le titre exact mais dont j’ai partagé un extrait sur twitter), la BO d’American Honey ou encore Ozone et Maître Gims (oui oui…) respectivement entendus chez le québécois Dolan et chez le belge Joachim Lafosse qui ont réussit le pari de nous émouvoir sur ces titres pas franchement folichons (je ne voudrais blesser personne) en tout cas, pas à mon gout. Preuve s’il en faut, qu’avec du talent on parvient à des merveilles. Et puis, cette merveilleuse chanson signée Whitney Houston reprise en duo père fille dans mon coup de cœur Toni Erdmann et qui marque un coup de grâce supplémentaire dans cette masterpiece cinéphilique. Ah la force subjective de la musique !
Enfin, si j’avoue avoir été déçue par le choix de la palme, avec le recul et même si je regrette que le jury n’ai pas opté pour un choix plus « rock » et pour un réal plus novice, plus jeune et donc à encourager (mais Ken je t’aime !) je suis sensible à ce choix politique (oui n’ayons pas peur des mots) qui nous redit l’importance de placer l’humain au cœur de toute action, de toute décision. Pas rock peut-être mais terriblement important et opportun.
Et puis cela me fait penser également à un aspect qui me fascine. De façon objective, ne sont présentés à Cannes que des « bons » films (oui donc sauf celui de Sean Penn !). J’entends par là, des films qui proposent une mise en scène, un scénario, un jeu d’acteurs et j’en passe qui soient notables et bien travaillés. Or, cela n’empêche pas le fait que quasiment personne ne perçoive le film de manière identique. American Honey que j’ai adoré fut pour d’autre une quasi souffrance, The Neon Demon qui m’a déçu et agacé était la palme d’or de certaines personnes. C’est assez fascinant et une preuve s’il en faut que le cinéma est, pour le spectateur, avant tout une affaire de sensibilité et de goût.
Et puis, voici en guise de récap la liste des 17 films présentés en compétition officielle (sur 21 au total) que j’ai vus pendant cette « quinzaine » classés par ordre de préférence :
Toni Erdmann
Mademoiselle
ELLE
I, daniel blake
Loving
Aquarius
Personal shopper
Ma loute
Paterson
La fille inconnue
Mal de pierre
The Neon Demon
The Last Face
je ne vous parle pas ici des 7 autres films présentés dans les sélections parallèles, Semaine de la critique et Quinzaine des réals dont je vous ai parlé dans mes posts quotidiens.
En conclusion, j’espère avoir réussi un tant soit peu à vous prouver que Cannes n’est pas le festival élitiste que l’on dit souvent. Il l’est par bien des aspects, ne disons pas le contraire et certes ce festival renommé propose des films « quali » et recherchés. Mais ces mêmes films, je vous assure, chacun d’entre nous, peut y puiser quelque chose. Cannes m’a sincèrement ouvert une porte sur le cinéma mondial, une porte que je n’aurais sans doute jamais poussée ailleurs et m’a permis, par la même occasion de m’ouvrir à une plus grande richesse filmique et cinématographique. Et je puis vous dire qu’il y a autant de films français ou US chiants qu’il y a de film turcs, coréens, allemands ou encore suédois formidables et « ouverts » à tous… et vice versa !
A très vite !