En voici un beau portrait.
Celui d’une femme adossé à celui d’une ville. Et toutes deux se font écho aussi bien qu’elle se font face et qu’elles se confrontent et se confondent.
Toutes deux si diverses, elles portent en elles une chaleur comme nul autre pareil.
Ce qui frappe déjà, c’est ce sourire qui orne le visage de cette « bonne mère » dévouée et aimante. Elle travaille d’arrache pieds et semble trouver sa part de bonheur dans les moments qu’elle passe avec sa petite fille, dans les échanges et les rires qu’elle a avec ses collègues qu’elle considère comme « sa famille » et dans la cuisine et le plaisir qu’elle a à préparer des bons petits plats pour ses enfants.
Elle est usée, fatiguée, soucieuse pour sa fille qui traine un peu trop et ne s’occupe pas assez de sa fille, pour son fils qui joue un peu trop à la consolle et ne passe pas assez de temps en cours et pour son ainé enfermé entre les barreaux d’une cellule.
Mais elle est droit et fière et confiante. Résiliente aussi.
Si ce film dresse le portrait d’une mère courage ouverte sur les autres, il donne à voir celui d’une cité repliée sur elle même. Une cité des « Quartiers nords » de Marseille autocentrée, autopilotée, au sein de laquelle les dealers semblent être les uniques et derniers repères d’une forme de hiérarchie sociale. Hafsia Hersi filme ses quartiers au sein desquels elle a grandi avec tendresse et réalisme. Et elle nous donne à voir le vrai, sans ombrage – sans pathos mais sans embélie.
Sans etre transcendant ni véritablement marquant, son film dit et montre que partout, la lumière pénètre, il est question de la remarquer, de la prendre et de s’en gargariser. Elle est l’énergie qui donne la force d’avancer chaque jour. Cette Bonne Mère en est l’incarnation.