Journée calme ce jour avec la découverte de deux films en compétition officielle. Cette 71ème édition touche déjà presque à sa fin.
Le temps ensoleillé fait son grand retour sur la croisette et me permet ainsi de profiter de la plage entre deux séances. Un doux bonheur ! C’est ça aussi Cannes et son festival.
La découverte de l’après-midi n’est autre que celle du film italien, DOGMAN signé Matteo Garrone, un adepte de l’âpreté (mafia, violence…) Il suffit de voir le tout premier plan du film, la toute première scène pour comprendre dans quel univers nous sommes alors plongés. Un chien tout crocs dehors surgit de l’écran noir et me fait déjà frissonner. La caméra s’éloigne alors pour finalement nous signifier que le chien en question râle de ce toilettage en cours. Il n’aime donc pas l’eau. Changement de ton. Le réal joue sur l’ambiguïté.
Le film narre l’histoire d’un toiletteur pour chiens installé dans une bourgade de l’Italie profonde. Le réal ne filmera alors quasiment que de grands espaces pour respecter les codes du western. C’est donc ça. Je suis embarquée dans une sorte de western un peu humide, un peu crasseux.
L’histoire se déroule ensuite et elle met en scène ce toiletteur pour chien (physiquement entre Elie Kakou et Fernandel) sorte de gentil gars, apprécié de tous, père aimant et « dog lover », et cette brute épaisse, escroc de base que le quartier cherche à liquider tant il fait peur à toute la population.
David contre Goliath. Le parallèle n’est pas compliqué à faire. Le réal nous donne ainsi à voir l’opposition entre ce duo très « Laurel et Hardyesque » version brutale qui prend alors racine dans un mélange de soumission, de violence et de vengeance.
Un film noir, âpre et sans aucun doute symbolique d’une société malade, abimée par la haine et la violence. La vision noire et glauque d’un monde en perdition.
Assez oubliable pour ma part mais la découverte d’un acteur capable de subjuguer le spectateur avec très peu de dialogues. Digne des meilleurs acteurs du muet, c’est avec son corps et son regard qu’il nous parle.
C’est ensuite vers le dernier film français en compétition que je me suis tournée. Le dernier film de mon Cannes 2018 d’ailleurs.
UN COUTEAU DANS LE COEUR signé Yann Gonzalez est un film que j’attendais. Sans en savoir beaucoup sur la nature du film, ce qui m’intriguait était cette belle esthétique pop. Ajoutez à cela la présence de Vanessa Paradis et de Nicolas Maury (Hervé dans la série 10%) et la hype était totale. Preuve de la hype du film d’ailleurs, la foule qui s’est massée sur les marches du Grand Théâtre Lumière ce jeudi soir aux alentours de 22h. Ravie d’en être donc, un des temps forts de ce 71ème Festival de Cannes.
Et quelle ne fut pas ma déception !
Je ne vois rien à sauver de ce film qui selon moi ne mérite en rien sa présence en sélection officielle et encore moins en compétition.
Le tout se veut un remake des nanars des 70’s. Seul problème, déjà majeur en soi, les acteurs jouent aussi mal dans le film que dans les mauvais porno qu’ils tournent (Vanessa paradis joue une productrice de film erotico-pornos.)
C’est lourdingue, pas vraiment bien mis en scène, pauvre d’un point de vue scénaristique (au secours un vilain tueur émasculé nous en veut). Il y a quelques belles idées de plan mais là aussi, tellement appuyées que cela en devient presque grotesque, comme cette revisite du déjeuner sur l’herbe.
Non vraiment, je ne vois trop quoi sauver dans ce qui m’apparaît comme un film pauvre en tout. Où est l’idée et l’envie même de cinéma ?
Pour voir du sulfureux, du sexe, du beau, du pop (re)voyons les films de Guiraudie qui eux, disent quelque chose de la sexualité, des dangers de l’homophobie…
C’est donc sur cette note faussement néonisée et subversive que je boucle mon 6ème Festival de Cannes. Un bel opus fait de surprises, belles et enrichissantes. D’autant plus fortes que je suis arrivée là sans grandes attentes face à la sélection de cette année dont je garde précisément en tête :
BlacKKKlansman
En guerre
Under the silver lake
Burning
Nos batailles
Les éternels