Voilà qu’arrive mon dernier jour de festival et avec, la découverte du nouveau (et très attendu sur la Croisette) film de Lellouche : L’amour ouf, starring le couple star de la GenZ j’ai nommé Adèle Exarchopoulos x François Civil.
Et bien ! Quelle déception que ce film et quel ratage !
La sève de cette histoire d’amour se niche dans le jeu et la fougue qui unit le jeune duo d’acteurs très prometteurs (qui interprêtent les rôles d’Adèle et François dans le jeune âge, depuis le jour de leur rencontre). Là il se passe quelque chose et Gilles Lellouche parvient à nous donner une once de la puissance des premières amours, de la rencontre fortuite qui te bouscule et te chamboule, pour potentiellement, t’emmener vers des contrées, des us et coutumes inconnues. C’est beau et les deux acteurs sont sublimes.
Quant à Adèle et François, je tiens à dire que la pellicule n’a rien capté de leur idylle, de l’amour et la fougue que les media disent avoir vue chez eux. C’est d’une platitude assez extrême !
Pour l’amour ouf on repassera.
L’amour ouf est déjà plus palpable dans le chef d’oeuvre restauré Paris, Texas : Palme d’Or 1984 que j’ai pu découvrir lors de sa réédition, en la présence de son réalisateur Win Wenders venu sur scène nous régaler d’anecdotes et de souvenirs.
J’ai réalisé que je ne savais rien de ce grand film si ce n’est l’image de son affiche et de son actrice et de sa sublime chevelure blonde et de son pull en mohair rose flashy. De quoi vous emmener dans des contrées lointaines en un fragment de seconde.
Et c’est bel et bien ce que le film a fait. J’ai de suite été subjuguée par la lente fugue de cet homme qui file le long des rails, dans les grandes étendues de l’ouest américain. C’est filmé avec brio, avec une lenteur qui mêle à la langueur et qui nous fait ressentir la chaleur enivrante de l’été. J’ai alors pensé à Camus et à son étranger aveuglé par la chaleur, et me suis dit que l’art était véritablement source de bien des sensations fortes et vertigineuses.
Et puis est arrivée la fameuse scène « du pull rose flashy » et je me suis sentie en terrain conquis, comme lorsqu’on se retrouve alors face à une personne, ou à un monument auquel on rêve depuis toujours… Et avec, cette sensation d’être face à ce que l’on connait depuis toujours tout en ayant conscience que l’on flirte avec l’inconnu et que se créé la rencontre, la véritable rencontre qui fonde alors notre propre expérience, qui forge nos souvenirs à venir…
C’est d’un lyrisme sans nom et le fait d’avoir découvert ce film si tardivement, 40 ans après sa sortie et alors qu’il fait partie de l’appareil culturel collectif fut pour moi très fort. Une séance inoubliable.
Et voilà qu’arrivait ma dernière projection, non sans une certaine émotion, d’autant qu’elle eu lieu dans une salle que je ne connaissais pas, excentrée de la zone du Palais des Festival, et assez vide. J’aurais préféré vivre une séance plus « festivalière » mais c’est cela aussi Cannes. Une multitude de salles toutes plus différentes les unes que les autres qui offrent des expériences diverses mais toujours inédites.
J’ai alors vu Animale, un thriller camarguais (ironie du sort, la boucle était bouclée et le lien vers la suite assuré puisque je partais le lendemain matin vers les contrées camarguaises pour finir ma période de vacances.)
Animale c’est l’histoire de Nejma qui s’entraine dur pour réaliser son rêve et remporter le prochain concours où l’on défie les taureaux dans l’arène. Une tradition en terres camarguaises.
Mais alors que la saison bat son plein, des disparitions suspectes inquiètent les habitants. On parle d’une bête sauvage qui rôde…
Ce film, somme toute bien ficelé est à l’image de son titre : tout à la fois dur et doux. On prête à ce qualificatif « animale » un côté « brut de décoffrage » en oubliant qu’il recèle en lui, également, cet aspect très important de presque délicatesse, de subtilité, de cet art d’avoir un 6ème sens. Je pense que le film met le doigt sur ça.
La réalisatrice donne alors à réfléchir, par le biais de la métaphore et même de la métonymie, sur la place des femmes dans une société (quelle qu’elle soit) et met le doigt sur ce qu’elles ont à apporter au monde. Justement cette puissance mêlée à cette délicatesse. A mille lieu de la binarité basique et claudiquante qui nous entoure. Une prise de hauteur bienvenue.
Une belle conclusion.