WAHOU ! C’est là le seul mot qui me vient à l’esprit pour vous parler du sentiment dans lequel je me trouve au moment où je vous écris ces quelques lignes.
Le cinéma, quand il est bien fait est générateur de très belles oouvreset Cannes, son écrin mondial le temps d’une quinzaine, se fait alors le théâtre de très belles découvertes.
Peut-être suivez vous mes pérégrinations cinématographiques sur artéMédia depuis le premier jour du festival, nous n’en sommes qu’au deuxième et déjà, la magie a opéré.
Je vous parlais sur artéMédia de Cannes et des femmes. La bande de fille que j’ai rencontrée ce soir n’a fait qu’appuyer ma pensée et mon sentiment, fort, qu’avec du talent, de la passion et de la conviction, l’on peut beaucoup.
Céline Sciamma, dont on a beaucoup parlé ces derniers temps lors de la diffusion de son Tomboy sur Arte (on ne reviendra pas sur ce débat stupide, bas et stérile) est, pour moi, une magicienne du genre humain. Elle parvient avec cette Bande de filles, comme elle l’avait fait avec son Tomboy à éclairer les tourments de l’âge (pré) adolescent et à illuminer la force intérieure de ses personnages.
Franchement, j’en suis à me demander si son cinéma ne ferait pas partie de ceux que je préfère. Il est vrai, honnête, sans faux semblant. Il vient heurter nos certitudes et donne foi en l’avenir.
C’est bien simple cette bande de fille m’a émue aux larmes. Ce girl power des banlieues est une énorme réussite tant il aborde tous les émois, les peurs, les joies, les espérances, les déceptions qu’implique le fait de vivre sa vie. Cette vie qui n’est question que de choix de surcroit lorsqu’on est une femme.
Sans jamais être féministe (dans le mauvais sens du terme) ni militantiste, la réal pose un regard quelque peu désabusé sur cette société qui ne laisse pas toujours le droit à l’errance, à la recherche de soi – passage pourtant indispensable dans le phénomène d’évolution qui mènera (ou pas d’ailleurs) à l’aboutissement de soi.
C’est celà qui m’a particulièrement touché. Le film montre qu’il n’est pas chose facile pour toutes les jeunes femmes de s’accepter comme tel. Difficile de trouver le juste milieu entre cette féminité qui s’impose à nous (ce corps qui change) et le comportement qu’il faut adopter pour rester dans les carcans. Céline Sciamma montre cela admirablement bien.
Sans pour autant s’être questionnée sur ce fait (je pense que cela est avant tout inconscient à cet âge) il me semble que toutes, nous pouvons, avec un rapide coup d’oeil en arrière, se souvenir combien il ne fût pas chose aisée que de le trouver ce juste milieu. Du look de garçon manqué au look de quasi bimbo à talons… il n’y a parfois qu’un pas. A chacune de trouver sa place et l’assurance qui va avec.
J’évoquais plus haut ces choix justement pas toujours facilités par l’entourage familial, par le manque de (re)père et par cette société bien codée qui nous demande déjà de décider des piliers de notre vie à tout juste 16 ans.
Lors de la cérémonie d’ouverture de La Quinzaine à laquelle j’ai eu la chance d’assister ce soir, Céline Sciamma disait en introduction, qu’à Cannes, la question était de trouver sa place. Entre celle que l’on a, celle que l’on nous donne, celle à laquelle on est perçu… C’est là, en quelque sorte, le sujet de son film. Pas toujours facile de se frayer un chemin. Il semble qu’on soit toujours, plus ou moins, mis face à un chemin que nous devrions suivre sans rechigner, voir même sans se poser de question (et, ce tous milieux sociaux confondus) : études, trouver sa voie, trouver un métier, puis un boulot, puis un appart puis un mari etc… Mais la paix intérieure, elle se cache où ? A quel moment de la vie se trouve t-elle ?
Et bien, c’est simple ! C’est là le message du film : elle se trouve à l’endroit / l’instant même où l’on cesse de vivre, de penser pour les autres et que l’on se forge sa propre voix / voie.
Ces jeunes femmes sont tout à la fois : fortes et fragiles, volontaires et empêchées par des tiers, brutes et amicales, femmes et enfants et la route est longue et chaotique mais jamais elles ne courberont l’échine. Parole de filles !
En bonus, cette chanson que vous n’écouterez plus jamais de la même façon dès lors que vous aurez vu le film. J’en redemande encore. Girl Power !