Des preuves. Des faits. Et rien d’autre. C’est là le leitmotiv de ce journaliste de terrain incarné par Vincent Lindon – définitivement l’un de nos meilleurs acteurs français – son grâal également.
Jacques, grand reporter au sein de la rédaction de Ouest France, rentre tout juste d’un voyage de terrain en Syrie durant lequel il a côtoyé l’enfer et a perdu son ami journaliste, mort sur place. C’est alors qu’il est contacté par le Vatican. On lui demande de mener une enquête canonique, comprenez : élucider le mystère des visions d’une jeune fille qui déclare avoir vu La Vierge.
Plus qu’un film sur la religion, L’apparition est un film d’enquête journalistique. Giannoli (A l’origine, Marguerite…) filme avec un œil neutre et curieux ces croyants et cette effervescence cultuelle. Il filme surtout un Vincent Lindon toujours aussi impliqué dans son rôle. En ce sens ce film est un pur plaisir de cinéma. Il y a du thriller voire du suspens dans ce film pourtant des plus classiques sur le fond.
Il dit l’opposition entre enquête journalistique qui exige faits et preuves et la foi qui ne relève que de convictions personnelles, libres et dénuées de toute preuve concrète.
C’est sur cet aspect là que repose la réussite de ce film qui nous amène à voir l’évolution du personnage de Jacques, d’abord uniquement affairé à dénicher des informations sur la vie et le passif de la jeune « voyante » pour au final se laisser approcher puis porter par son histoire personnelle, sa personnalité et tout le mystère qui l’entoure.
Pour lui, le pragmatique, vient alors la possibilité de songer à cet invisible, de s’ouvrir à un monde dont il ignore tout et qui demande de lâcher prise. À ce titre j’ai aimé ce passage dans lequel il se dit heureux d’avoir mené cette enquête qui lui a permis de « se poser des questions auxquelles il n’avait jamais pensé jusque là ».
Des questions qui n’appellent pas forcément de réponses. Savoir reconnaître l’importance de songer à quelque chose dont on ignore tout et aimer cela. Accepter de mettre un pied dans un autre univers qui n’a rien de concret mais qui donne des signes ça et là.
Une pure réussite.
Paule
J’ai aimé également ce film pour son humanité et le jeu d’acteur de Vincent Lindon. Son rôle de journaliste nous empêche de nous égarer dans ce méandre d’émotions et rétablit une cohérence dans ce marché d’idoles. Le questionnement sur l’indicible peut enfin être frôlé en toute liberté.
Barbara GOVAERTS
superbe ce commentaire ! Je partage tout à fait ce point de vue