J’avais pourtant tiré un trait sur le cinéma d’Emmanuel Mouret. Sa petite musique sur le couple, les idéaux de l’amour, le romantisme à outrance. Au risque de passer pour la rigide ou la sauvage de service, cette petite musique m’agace.
J’aime que ça pétarade, que ça gronde et je sens trop de retenue dans ses films, dans sa façon de dire l’amour même s’il utilise très largement les codes du vaudeville. Style duquel je ne suis pas fan pour un sou.
Mais voilà que ce duo – Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne – m’a incité à me placer devant l’écran. Ajouté à cela plusieurs retours enjoués.
Si l’expérience ne fut pas désagréable, elle ne me laisse pas non plus un souvenir impérissable.
D’abord happée par l’aventure, la liaison de ces deux là, je me suis vite lassée. Et je trouve que c’est le pire sentiment que l’on puisse ressentir face à un film ! L’ennui m’a gagné.
Passée la scène d’ouverture – excellente de justesse tant au niveau des dialogues, du mouvement des corps (celui de Sandrine K surtout) que de la caméra : un plan séquence qui donne toute son intensité à la scène; j’ai du m’accrocher pour parvenir à garder un quelconque intérêt pour ce couple illégitime qui s’aime, se respecte, s’écoute, se regarde.
Si Sandrine K m’a une fois encore épatée par sa capacité à avoir cet air mutin, Vincent Macaigne m’a lassée dans cet énième rôle d’homme maladroit, timide et empâté. Je ne veux plus le voir dans ce rôle là !
Oui, c’est bel et bien Sandrine qui m’a portée. Sa façon de déambuler, la légèreté avec laquelle elle aborde et vie cette histoire pour finalement se donner entièrement et vraiment, « sans avoir l’air d’y toucher ».
Elle réussit quelque chose qui mêle délicatesse et puissance. Au point de me donner le sentiment d’être elle à la sortie de la salle.
Cette capacité de personnification qu’a la cinéma, via ses acteurs les meilleurs.
Elle est de ceux là.