Close c’est déjà la beauté de ces champs de dahlias nimbés d’un soleil couchant venant raser, effleurer ces boutons colorés.
C’est aussi l’imaginaire de ces deux jeunes adolescents qui courent à travers champs pour échapper à un ennemie invisible qui les assaille.
Close c’est aussi cette rencontre à la croisée des chemins, le matin, pour aller au collège à vélo.
Close c’est enfin ce souffle – semblable à celui du vent – qui dit la quiétude et la délicatesse de cette amitié très fortement ancrée.
A bien y repenser, je pense que c’est autour de ce souffle qu’est construit le film. La relation amicale, filiale presque et en tout cas – marquée d’un amour vrai et fort – qui unit Léo et Rémi est à la fois fragile et délicate comme un souffle mais omniprésente et tenace comme l’air qui nous entoure.
Le film atteint son sommet dans sa façon de filmer ces deux jeunes garçons. La caméra magnifie leurs conversations, leurs moments plus dynamiques. Elle les filme avec grâce à la fois lorsqu’ils sont dans leur cocon et lorsqu’ils sont en société : avec leurs parents respectifs et leurs camarades de classe. C’est dans ces scènes là que tout se joue. L’amour est alors présent. Au centre.
Le rebondissement narratif dont je tairai tout vient couper cela et s’il nous bouleverse au plus haut point (je n’aurais pas pensé que le réal soit aussi catégorique dans la gestion de son propos), il vient aussi et surtout nous priver de ce cocon amical.
Dès lors le réal prend le parti de nous emmener dans le quotidien cadencé de Léo qui se joue entre entrainement sportif et présence en classe.
Lukas Dhont, qui signe ici son deuxième film après le très juste et touchant Girl, veut signifier cette volonté de s’enfermer dans un quotidien cadré. Se perdre dans des habitudes dites « normées » pour se flageller. C’est à la fois difficile à regarder et – je dois l’avouer – un peu lassant par moment. C’est là la limite du film qui, à partir de ce moment, perd de son intensité. Et retombe presque comme un soufflet. Car ce qui nous inspirait, c’était bel et bien la puissante délicatesse des liens qui unissaient ces deux garçons là.
Reste cette fin qui re dynamise le tout et vient sublimer le propos. Léo avance et continuera d’avancer. Il continuera son chemin de vie par le prisme de la culpabilité qu’il porte en lui c’est certain, mais gageons que c’est surtout l’amour de Rémi, qu’il porte en lui, qui lui permettra de se mouvoir, de grandir, de murir… de vivre.
Car cet amour est présent, partout. Aussi doux qu’un souffle, aussi pénétrant que l’air que l’on respire.