C’est là un huis clos qui filme les cranes et les respirations.
Il faut le dire, cet opus regorge de beaux plans, pour beaucoup pris en plongée… Comme si Dieu lui-même, de là haut, regardait ces hommes se mouvoir, s’agiter surtout.
Car si Le Conclave est un film de confinement, un huis clos, il est surtout nerveux, voire fiévreux par endroit.
Le film s’ouvre sur la mort du pape. Le brave homme n’étant plus, il faut lui trouver un successeur. C’est alors que les cardinaux du monde entier sont appelés à se réunir pour élire le nouveau chef de l’Église. C’est le cardinal Lawrence, alors en pleine crise existentielle par ailleurs, qui est chargé de superviser ce fameux conclave. Et ce n’est pas une mince affaire.
On pense de suite à Habemus Papam et ce, pour diverses raisons. Il y était question de « crise de foi » et d’élection papale. Michel Piccoli m’avait alors émerveillée dans ce film frais et coquin qui disait déjà le fossé qui existe entre les velléités religieuses et la réalité humaine. Le conclave (que tout le monde voit rafler des prix aux Oscars) met alors en lumière les machinations politiques au sein du Vatican, et ce n’est pas toujours joli joli. Rien d’anormal, et le cardinal Lawrence, un homme droit et de bonne volonté, exprime justement et avec brio ce fossé. Les Hommes ne seront jamais que des hommes tentant de faire régner la loi de Dieu sur Terre… Une mission terriblement compliquée. Des hommes… et des femmes – que l’on tente d’invisibiliser certes, mais qui se servent à bon escient des oreilles que Dieu a bien voulu leur attribuer. Sublime Isabella Rosselini dans le rôle d’une soeur qui ne dit mot mais ne consent pas non plus !
C’est ainsi que le film illustre les bassesses humaines allant des plus ingrates et viles comme la haine de l’autre, la recherche de vengeance et celles, plus humaines et classiques dira t-on, qui veulent que nous doutions, jalousions, jugions nous même et notre voisin.
Mais là où le film se prend un malin plaisir à nous surprendre, c’est en ajoutant une couche de suspens pour donner à ce conclave un goût de thriller.
Le cardinal Lawrence, alors plutôt naif au début du film, se rend compte que le défunt leur avait caché un secret. Un secret bien gardé qu’il doit découvrir avant qu’un nouveau Pape ne soit choisi. Au risque de bouleverser toute la communauté catholique mondiale… qui elle même influence d’autres instances.
Si le choix d’un nouveau James Bond exacerbe déjà les passions, et le fait de savoir que le prochain pourrait être une femme ou bien noir… Le choix d’un nouveau pape se doit, selon les plus puristes, de respecter quelques règles d’or.
Le film se joue de ces fameuses règles pour ouvrir la voie à une nouvelle ère.
Celle de l’Egalité, enfin ?