J’ai failli quitter la salle tant les trente premières minutes du film sont pénibles.
Couleurs criardes, réal très approximative, réalisateur stressant et semble t-il perdu, acteurs limités, décors écoeurants… Toute cette affaire de zombies m’a clairement laissée pantoise.
Et puis le générique de fin arrive et là, débute le véritable film. Celui qui raconte la genèse de cette réalisation médiocre, puis celui qui montre les dessous de cette réalisation médiocre.
Vous l’aurez compris, tout comme moi, Coupez ! est une ode au cinéma, une parenthèse finalement enchantée qui montre les dessous de la « machine cinéma ».
J’ai aimé que le film me happe finalement pour me permettre de rire à gorge déployée – moi clairement dans le jugement au cours de ces fameuses trente premières minutes.
Michel H nous livre ici un pur plaisir de cinéma, cet art fait de bric et de broc, avec les moyens du bords (et ce, même lorsque les moyens sont plus grands, sans aucun doute) : cet art de dire le monde, la vie, une émotion, un parti pris… pour de faux, avec du vrai. C’est formidable à quel point cette comédie simple et légère donne à voir et à dire de cet art si puissant à nous signifier la vie par le prisme du faux qui plus est ici, par le prisme de coups, de jets de sang, d’effets en tous genres.
Et les acteurs que je trouvais (à juste titre, ils l’étaient) pitoyables dans la première partie (ils feintaient en fait ! Le film dans le film du film, souvenez-vous !) de me bluffer par leur capacité à réinventer leur jeu, à donner le pire d’eux mêmes. Le ressort comique est très puissant et donne tout son souffle au film.
Le film a alors fini de me séduire avec cette scène finale qui dit la débrouille ultime et l’huile de coude qu’il convient parfois de mettre à l’ouvrage. Il dit ce qu’il est possible de faire pour parvenir à ses fins lorsque tout nous lâche mais que l’amour du travail, de ce que nous faisons nous tient encore. Il est alors possible de dépasser l’adversité.
Rythmé, haut en couleurs, joyeux et foutraque : c’est là peut-être l’analogie et l’incarnation de cette 75ème édition du Festival de Cannes qui a débuté en fanfare avec cet ofni culotté… Et c’est ce que l’on souhaite au cinéma mondial. Qu’il vive fort, et sache toujours faire face à l’adversité. Qu’il se hisse sur les montagnes ! Nous sommes prêts à le tenir sur nos épaules. Avec une joie non dissimulée.