Du cinéma dans le cinéma au cinéma. Quelle riche idée !
C’est celle des frères Coen, celle qu’ils ont distillée dans leur dernier opus intitulé Avé César !
Plus encore qu’un hommage au cinéma de l’âge d’or hollywoodien, ce film est une véritable incursion dans l’un des plus gros et influents studios des années 50 j’ai nommé le studio Capitole, et une immersion au cœur même des plateaux de tournage (fort bien recréés soit dit en passant).
On prend donc plaisir à croiser une jeune star du Western dont les studios veulent « changer l’image ». Ils le positionnent pour cela sur des rôles du type « autant en emporte le vent » : je vous laisse imaginer le changement de décor et de style ! Son apprentissage du texte, de la gestuelle, du relationnel avec ses partenaires est hilarant.
C’est toute l’époque des starlettes, des jeunes premiers, des comédies musicales et tout cela est raconté, recréé avec succès.
L’on suit le grand manitou du studio en pleine gestion de couacs multiples et variés. Il faut dire qu’entre la disparition de l’acteur star du studio (George Clooney sympa car il n’hésite jamais à se ridiculiser, on sent la confiance entre lui et les Coen, mais pas formidable non plus) enlevé par une bande de communistes, la jolie starlette phare d’un show aquatique toute en délicatesse de façade mais très vulgos en fait (drôle Scarlett Johannson), enceinte d’on ne sait qui, et ces sœurs jumelles (classico-follette Tilda Swinton) à l’affût du moindre scoop pour leur journal à scandale, il a du pain sur la planche et pas une seconde à accorder à sa femme. Quelle dure vie que celle d’un patron de studio !
Alors oui on rit, on jubile même : j’ai littéralement eu un rictus pendant toute la durée du film. Les frères Coen nous laissent au final avec une déclaration d’amour au cinéma.
Ils sont de surcroît creusé leur sujet en s’attachant à montrer l’envers du décor de cette industrie cinématographique toujours fonctionnelle mais morcelée par une certaine décadence. Par un certain puritanisme ambiant qui viendrait ternir et gâcher la qualité de l’art ? Par la toute puissance de l’argent et de la rentabilité ? Si le film est ancré dans les années 50, il semble que le message des réalisateurs soient également en résonance avec l’époque actuelle.
C’est au final un opus qui respire la liberté, l’amour du cinéma et le rire à plein nez. Un bien alléchant programme.
Moteur !