Définitivement Matthew Mac Machin – comme j’aime à l’appeler tant je ne parviens jamais à connaitre la vraie, la seule prononciation de son nom de famille (McConaughey) – est un vrai phœnix.
Cet acteur, alors bas de gamme, s’offre depuis 4-5 films une renaissance cinématographique assez incroyable au point qu’elle le mènera jusqu’à l’Oscar (si si je vous le parie ! Léo mon chou tu le mérites clairement mais tu as trop prononcé le « F word » lorsque tu t’es déguisé en Loup et ça, ça ne pardonne pas aux States… Ahh les joies du puritanisme américain !)
Alors que Matthew lui, il a fait les bons choix. Il a perdu 30 kilos pour incarner ce loser texan atteint du VIH puis du SIDA au début des années 80, décennie qui a découvert cette maladie alors honteuse et « réservée » aux seuls homosexuels et drogués.
Alors justement, c’est autour de ce thème que tourne Dallas Buyers Club. Un film dans lequel j’ai eu du mal à entrer je dois dire mais qui, au final, a su retenir mon attention. Déjà parce qu’il s’agit là d’un sujet rarement (à mon sens) traité au cinéma : il y a un vrai scénario, une vraie mise en scène, mais aussi parce qu’il faut le dire : l’interprétation est au rendez-vous.
Dallas Buyers club raconte donc l’histoire de cet homme, gros beauf drogué du sud des Etats-Unis pour faire court et simple, qui apprend qu’il ne lui reste que 30 jours à vivre. Rejetant d’abord la maladie, il va décider d’apprendre – si ce n’est à la vaincre – à vivre avec et à en minimiser l’impact sur son quotidien.
Pour cela, il va vite faire l’impasse sur le traitement qui lui a été administré à l’hôpital et qui ne le rend que plus malade. Au gré de ses rencontres, il va découvrir des médecines parallèles – tout aussi efficaces et moins chimiques – non reconnues par les labo pharma.
Là est le cœur de cette histoire. Les 30 jours sont écoulés et ce brave homme est en quasi pleine peau. Flanqué d’un associé malade lui aussi, et haut en couleurs (exceptionnel Jared Leto qui s’éclate définitivement dans ce genre de rôle de paumé attachant) il va monter un business plus ou moins légal puisque la « marchandise » n’a pas l’agrément de la FDA (Food and Drug Administration), voyager à travers le monde afin de rencontrer des éminents médecins. Le principe du Dallas Buyers Club est simple : chaque membre doit régler 400$ de frais d’inscription et bénéficie ensuite de son traitement à vie.
Le business est luxuriant, la santé se maintient tant bien que mal, cette ex « loque humaine » est passée de l’héroïnomane au limite « noglu » (comprenez qu’il fait désormais attention à sa santé et mange bio).
Le film prend le recul nécessaire pour donner à réfléchir sur la maladie, sur ce qu’elle renvoie, sur la façon dont les patients sont traités, sur l’exclusion sociale qu’elle implique forcément.
En ce sens, le film est tout à fait d’actualité même si l’action se déroule dans les années 80. De même que cette réflexion (ce n’est jamais une mise en demeure) sur l’industrie des labo pharma. La question est lancée, toujours de façon directe mais « délicate ». Quid de leur impact sur notre santé ? Serait-ce impensable d’évoquer un « business de la santé » qui nous fournirait certains médicaments alors que d’autres seraient plus efficaces. On a, par ailleurs, déjà vu des scandales éclater avec des médicaments retirés du marché sous prétexte qu’ils pouvaient nuire à la santé. Ne sommes-nous pas en mesure de nous demander si cela n’est pas dicté par les dessous d’une industrie qui ne jure que par le profit, prête à tout pour abolir la concurrence ? Le sujet est vaste et je ne le maîtrise pas mais ce film a le courage de lever quelques voiles et de poser les bases d’une réflexion.
Le film donne également à réfléchir sur les à priori qui pourrissent nos vies bien plus encore que la maladie (à nuancer). Ce film est, en ce sens une bouffée d’optimisme, d’oxygène presque tant il vient nous rappeler l’urgence de Vivre.
Qu’y a t-il à faire / que reste t-il à faire lorsque l’on apprend qu’il ne nous reste que 30 jours à passer sur cette Terre… L’importance du lien, des contacts, de l’échange, de la gestion d’un projet de vie et du passage de relais à ceux qui nous survivront et à ceux qui nous suivront.. C’est bien cela qui se retrouve alors au cœur de toute chose.
Ce Dallas Buyers Club n’est rien de moins que cela : un projet de vie commencé sur le tard, au moment même ou l’espoir était censé se mettre en berne mais qui, poussé justement par cette volonté de vivre, de se relever, verra ses graines germer encore plus rapidement que d’autres projets menés par des gens pensant « avoir le temps de… Et de surcroît, ce projet aura même un impact réel sur le traitement des malades du SIDA.
Clairement Matthew Mac Machin met sa pierre à l’édifice… du cinéma mondial et ce dernier met une pierre de plus à l’édifice de la société.