Je siège au milieu d’une salle comble – c’est le jour J de la levée des jauges dans les cinéma – et tous ont répondu présent à l’invitation du Club 300 Allociné pour découvrir en avant première le nouveau film de Kevin Macdonald dans lequel Tahar Rahim incarne cet homme prisonnier de Guantanamo, accusé à tort et détenu sans inculpation ni procès.
L’enthousiasme est à son comble.
Mais très vite je déchante car le film ne n’emporte pas. Tahar a appris à parler anglais, il a suivi ses cours sans aucun doute avec rigueur. Il a réussi, il est très Actor Studio !
Mais j’ai trouvé qu’il manquait l’incarnation. Le souffle de vie, qu’il a pourtant très clairement partagé lors de l’échange que nous avons eu avec lui à l’issue de la projection. Il nous raconte alors avoir développé une forte empathie pour cet homme, dont il partage et soutient le combat, et une amitié également. Là encore, d’un point de vue humain, ce film est fort.
Mais d’un point de vue cinématographique, je n’ai rien trouvé de véritablement puissant. Or, le choix du film de fiction a été fait, il ne s’agit pas d’un documentaire et il manque si ce n’est du romanesque, du « cinéma » dans ce film. Je garde tout de même une chose, c’est cette relation avec « Marseille », dans ces quelques scénes d’échange avec cet homme qu’on ne verra jamais, là le Cinéma fait une incursion.
Le film est important pour ce qu’il dit et montre des réalités de cette prison atroce qui bafoue les droits les plus basiques de l’humain et ce, dans ce pays qui se présente comme étant la plus grande démocratie au monde. En cela, le rôle d’un tel film est majeur. Il attire l’oeil sur les manquements des politiques en place (et qui se succèdent) et le rôle clé des associations qui oeuvent pour protéger les droits de l’homme les plus basiques.
A cet effet, le rôle de Jodie Foster est excellent. Elle apporte tout son applomb à cette femme qu’elle incarne et qui n’a pour but que de se placer du côté de la loi. Elle se fiche presque de savoir si cet homme a ou n’a pas de relations directes avec Ben Laden, s’il est droit dans ses bottes ou pas si innocent que cela. Elle cherche avant tout à faire respecter ses droits. Car, en tant qu’Homme, il en a et les responsables de cette prison lui en sont redevables.
Le film a eu un succès retentissant. La salle, comble, comme je le précisais en introduction de cet article, a applaudi avec entrain et a salué la performance « incroyable » de Tahar Rahim.
Sans aller jusque dire que je suis en total désaccord, je dois tout de même dire que je me suis sentie un peu seule avec mes réserves, ce soir là.
Le film sera en salles mercredi 14 juillet.