Eastern Boys, à mon sens, avant même d’être une histoire de regards qui se croisent, une histoire de désir, de sexe, de sentiments, n’est rien de moins qu’une dénonciation socialo politique de la façon dont sont traités les sans papiers dans notre pays. C’est là, l’angle choisi et revendiqué par le réalisateur et là aussi, que ce dernier met l’accent tout le film durant. Certes, mais pour ammener le spectateur à vivre cette dénonciation, il prend le prétexte de cette relation alambiquée entre deux hommes que tout semble opposer.
De cette première scène filmée à la Gare du Nord – excellement bien filmée d’ailleurs, encore mieux, de façon plus vivante encore, plus vibrante que dans le film du même nom dont je vous avais parlé il y a quelque temps.
De cette première scène donc, se dégage une tension qui ne nous lâchera plus. Ces regards, furtifs et parfois glaçants quoique rendus chaleureux par la tension sexuelle qui s’en dégage seront le maitre mot de ce film franchement réussi.
Entre mélange des genres et confusion des sentiments, ce film passe de scène en scène en nous emmenant au sein même de cette relation entre ce quadra bourgeois et ce jeune homme sans papier. Certes le film m’a « emmenée » mais il très déroutant à d’autres égards. Il est difficile de comprendre ce qui pousse Daniel (quadra) dans les bras de Marek (jeune homme) qui lui a pourtant refourgué sa « bande » dans les pattes, non pas pour passer d’agréables moments ensemble…(Daniel drague Marek à la Gare du Nord et l’invite à venir chez lui le lendemain. Seulement, le jour du rendez-vous Marek ne vient pas seul mais accompagné de sa bande de potes bien décidés à piller l’appart de Daniel. Ils se reverront par la suite et débuteront une relation. Voilà, ça c’est pour que vous sachiez un peu de quoi l’on parle, ndlr)
C’est là justement l’attrait du film à mon sens. Le réal ne nous donne jamais les clés pour comprendre ce qui unit les deux amants. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment de morale dans toute cette affaire. Les deux hommes passent du statut d’amants, à amis, à parents. C’est très spécial je vous l’accorde mais c’est justement là que se pose l’oeil du réal qui nous invite à réfléchir au sort de ces jeunes sans papiers qu’il faut aider, sauver, au même titre que cette société quelque peu malade de ses manquements sociaux.
Vraiment j’ai aimé. Cette histoire confusante et brute quoi douce car pleine de vrais sentiments. Au même titre que ces jeunes livrés à eux mêmes pour des raisons tout sauf « guimauves » (la guerre dans leur pays, la misère…) et amenés à se livrer à toute sorte de délis petits et grands. Le réal semble vouloir nous dire l’urgence de prendre en compte cette violence, ce mal être et cette défiance envers la société pour qu’enfin, chacun puisse être libre de disposer de son corps, de sa vie, de son argent, de ses sentiments comme il / elle le souhaite.
Fort et vibrant.