Avant même d’appartenir à la catégorie des « films de prison » (qui a pour chef de file Un Prophète, nous sommes bien d’accord) ce Frères ennemis est un film de face à face. Entre deux amis d’enfance, l’un voyou à la tête d’un trafic de drogue d’engergure, l’autre devenu flic « aux stups » – « car c’est le seul endroit où son nom et sa tête étaient un avantage et non un poids à porter ».
Et c’est là que la jonction se fait. Celle qui donne toute sa teneur au film qui devient alors un coup de gueule contre cette société largement basée sur le déterminisme social.
Reda Kateb est une fois de plus parfait. Tout en retenue et en rage contenue. Il se confronte à cet ami qu’il entend protéger de ses troubles et de ses excès au nom de leur amitié de toujours : le très charismatique Mathias Schonaerts qui nous prouve une fois de plus sa capacité à entrer dans la peau de personnages abimés, nerveux et extrême.
Le film ne réinvente pas le genre mais a le mérite d’être très bien mené et très bien filmé. Ces courses poursuites dans les couloirs des immeubles sont autant de façon de signifier les méandres au coeur desquels se perdent les personnages en proie à leurs propres peurs, leurs propres haines et rancœurs mais aussi aux affres d’une société qui a vite fait de nous mettre dans une case pour ne plus jamais nous permettre d’en sortir. En cela, le film porte en lui un message fort.
Plus que cette virilité extrême qui émane toujours de ce type de polar, c’est ici une sentiment de nostalgie qui se mèle à la douleur de n’avoir pu trouver sa place qui innonde le film et lui confère une vraie atmosphère et indentité propre.
Nerveux et d’une très grande douceur.